Ce que nous révèle la réduction de l'éclairage public nocturne

Par Marcel Ragni  |   |  633  mots
Marcel Ragni, président de la société Ragni.
Alors que de plus en plus de municipalités à l'éclairage public vétuste imposent l'extinction nocturne à leurs administrés, les syndicats d'énergies comme les fabricants leur conseillent de passer au plus vite à la LED. Par Marcel Ragni, président de la société Ragni.

En choisissant, l'un après l'autre, d'éteindre leur éclairage public la nuit, les élus font non seulement peu de cas des avis émis par les professionnels du métier mais passent également sous silence le ressenti de leurs concitoyens. Une attitude qui rappelle un peu trop celle des grands patrons, pour qui le profit passe avant l'humain. Après plus de quarante ans passés au coeur de l'entreprise que j'ai le plaisir de diriger aujourd'hui, j'ai compris que le coeur de l'économie ne peut battre durablement que grâce à la passion et non à la finance.

Ragni est une entreprise qui s'adapte, qui dure, qui va de l'avant. Nous fêterons nos 90 ans l'année prochaine. Cette longévité nous a permis d'observer la longue évolution des techniques d'éclairage.

De l'ampoule à incandescence aux lampes à iodures métalliques, nous avons travaillé avec des techniques qui se sont progressivement modernisées. Mais l'arrivée de la LED ne fut pas seulement une évolution, ce fut une révolution, au même titre que lorsque nous sommes passés de la bougie à l'ampoule.

Économies de bouts de chandelle

Le travail mené au quotidien par l'Association française de l'éclairage (AFE) et le Syndicat de l'éclairage vise à démocratiser davantage l'usage de la LED dans le domaine de l'éclairage public, car il est maintenant prouvé qu'elle permet de réaliser jusqu'à 70 % d'économies sur la facture globale d'électricité d'une commune. Or, près de 1.500 communes françaises pratiquent aujourd'hui l'extinction nocturne sous prétexte que leur budget ne leur permet plus d'assurer ce service. Face à cette situation, les associations professionnelles cherchent à expliquer aux élus que ce choix n'est pas une bonne solution. Des économies de bouts de chandelle. Que feront-ils lorsque le prix de l'électricité aura doublé ?

La solution réside dans l'investissement durable et de bon sens.

Chers élus, écoutez les fabricants, écoutez les syndicats d'énergies, qui vous conseillent de passer à la LED, qui vous encouragent à repenser l'usage et l'intérêt de la lumière nocturne. Si vous choisissez des équipements à LED, si vous adoptez un éclairage flexible, qui respecte à la fois l'écosystème et les citoyens, vous réaliserez des économies réelles et durables. Lorsque vous éteignez vos luminaires vétustes à minuit pour les allumer une seconde fois à 5 heures, vous réduisez de moitié leur durée de vie.

LED : durabilité et maîtrise totale des nuisances lumineuses

Le remplacement de l'ampoule ou de l'amorceur sera deux fois plus fréquent, et vous consacrerez encore une trop grande partie du budget à ces coûteuses opérations de maintenance. La LED, quant à elle, consomme beaucoup moins d'énergie et ne demande qu'un nettoyage occasionnel. Elle s'ajuste aux besoins des riverains sans sacrifier leur sentiment de sécurité et permet de maîtriser totalement les nuisances lumineuses.

Le budget débloqué pour l'investissement sera amorti en cinq ou six ans. De plus, grâce aux subventions apportées au titre des certificats d'économies d'énergie, de nombreuses solutions existent.

La situation qui occupe aujourd'hui le secteur de l'éclairage public me rappelle celle de l'économie entière. Comment expliquer que notre civilisation éteigne aujourd'hui un éclairage qui apporte vie et dynamisme aux populations alors que nos voisins africains ou indiens cherchent désespérément à animer leurs sociétés et à booster leur croissance avec des points lumineux ?

Chers élus, redonnons une place à l'humain. L'avenir d'un pays, tout comme celui de l'industrie, réside dans l'implication de personnes responsables. Aujourd'hui, le coeur de l'économie est soutenu par les PME et PMI, des structures dirigées par des gens passionnés non par le profit mais par l'outil qu'ils défendent. Écoutons-les !

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Par Marcel Ragni, président de la société Ragni