Feux de... Brousse : Covid-19, le R/0 qui nous gouverne

Par Jean Brousse  |   |  467  mots
(Crédits : Jean Brousse LT)
CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu devenu reconfinement, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse.

Olivier Véran, le nerveux ministre en chef de la Covid, l'a dit, en substance : « on note une forme de ralentissement de la progression » et le Professeur Juvin, chef des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou, de renchérir : « la hausse du nombre de cas va ralentir ». Martin Hirsch, patron des hôpitaux de Paris constate « l'amorce d'un infléchissement » et le très sombre Professeur Salomon, tel qu'en lui-même, lui que l'on déconfire utilement dans les cas graves, concède « un frémissement du bout des lèvres », en égrenant la longue litanie de ses chiffres morbides pour confirmer que « la seconde vague progresse toujours ». Le R/0 gouverne. Il descend, mais ça ne veut rien dire ! Pourtant, on reconnait que les taux d'incidence et de positivité baissent - doucement ! - à force de courbes dont d'imperceptibles embryons de plateaux laissent espérer une inflexion.

Comme l'aurait dit l'inestimable Pierre Dac : « Un chemin qui descend est un chemin qui monte en sens inverse et réciproquement ».


Sacré Covid. Que de saltos sémantiques pour ressasser la nécessité impérieuse du respect des gestes barrière qui, de couvre-feu en confinement aménagé, de masque en distanciation - sans que l'on sache bien ce qui tient de l'un, de l'autre, ou d'on ne sait quoi -, auront permis, sinon des progrès, du moins une petite lueur d'espérance. Le ministre de l'Intérieur appelle gravement les préfets à la sévérité. La leçon est plus que claire, en ces temps où la fronde, l'inquiétude, l'indiscipline, pire, la désobéissance et le désespoir menacent : pas de relâchement, tant qu'on n'y comprend rien ! « On ne gagne pas un match en regardant le tableau d'affichage ... ». Mais « ... en faisant du beau jeu ».

Et Pfizer en fait, du beau jeu, en annonçant le 9 novembre - joli cadeau de bienvenue à Joe Biden, pauvre Donald - un vaccin efficace à 90% pour presque bientôt. La communauté scientifique se réjouit, évidemment, mais appelle à une modération raisonnable. De nombreuses questions restent en suspens : innocuité, durée de protection, chaines de fabrication et circuits de distribution - à - 70° ! Bonne chance, autorisations des sourcilleuses autorités sanitaires. Mais rien, ni les silences bruyants de Jean Castex, n'y font : on enregistre des précommandes pour un milliard de doses en Amérique, en Europe et au Japon. Les commentateurs s'excitent comme des virus par grand froid. Wall Street et les bourses européennes, soutenues par les valeurs fracassées par le microbe, flambent.

Pour nos confrères confinés du monde entier, la lumière point au bout du tunnel.

Mais attention : surtout, pas de relâchement !

« Je me suis souvent demandé ce qui peut bien différencier une bonne grippe d'une mauvaise. » (Pierre Dac - bis -)