Couvre-feu, en six lettres : suaire !

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu, intitulée comme il se doit Feux de... brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Couvre-feu en six lettres ? Suaire (Michel Laclos, mots croisés) Suaire : linge dans lequel on ensevelit un mort (Dictionnaire Larousse). Nous tombons de confinement en couvre-feu comme de Charybde en Sylla. Quels morts veut on couvrir avec ce couvre-feu ? Bien sûr, les victimes innocentes de l'ennemi inconnu. Trop tard. Épargnons celles à venir du désarroi, de la peur, de l'inquiétude et du désespoir. Le Président, ce 14 octobre, dans un format qui péchait peut être par trop peu de solennité, a décrit et tenté de justifier ce demi-confinement, dans un appel poignant à la responsabilité collective, non sans promettre la « résilience » tant attendue.

Quand ? Urgence de la nécessité de nouvelles règles, pour codifier le « bon sens », et se sortir ainsi du procès en infantilisation et en jacobinisme. Suggérer de partir en vacances pour bénéficier d'une « aération » fatale à ce méchant virus qui nous reste étranger.

Dans un tel climat d'incertitude et de méconnaissance, aucune autorité ne saurait plus s'imposer. Difficile de comprendre, et surtout de comprendre qu'on n'y comprend rien, malgré de troublantes perquisitions bien malvenues.« Vivre avec le virus » n'est pas si simple.

« C'est dur d'avoir vingt ans en 2020 », reconnaît-il. C'est manifestement aussi dur d'en avoir 42. Certes, quelques matamores amateurs défient encore l'épidémie, annulant ainsi les précautions observées par la majorité, au détriment de la collectivité assommée par ces nouvelles injonctions. Une colère sourde monte. L'impatience lutte avec la résignation.

Le chef Guy Savoy en appelle au bon sens, lui aussi, en dénonçant incohérence et injustice. « On nous met une balle ! ». « C'est un coup de massue pour les artisans de la terre et de la mer », « Tous les restaurants sont menacé, pourtant l'hygiène est dans notre ADN ». Les restaurants, mais aussi les cinémas, les musées, les théâtres, et au-delà tous les acteurs du tourisme, atout essentiel de notre pays, et accessoirement principal contributeur à l'excédent commercial de la France.

Nombre d'autres secteurs, du BTP aux industries culturelles, armés pourtant de leur volonté, sont au bord du bord de la déprime. La bourse décroche de 2,5 %. On en reviendra sans doute. Puissions-nous ne pas déplorer bientôt la disparition symptomatique du gout et du plaisir de vivre, du sursaut démocratique et de son corolaire : le respect conscient de la décision politique. Pas gagné !

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