La méthode Attal : simple, basique

Par Bruno Jeudy, Directeur de la Rédaction  |   |  492  mots
Bruno Jeudy (Crédits : DR)
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Vingt jours après sa nomination, le Premier ministre dessine sa méthode et affine son style de gouvernance. La crise agricole lui offre l'occasion de l'éprouver d'emblée. Plongé dans un univers qu'il vient de découvrir en moins d'une semaine, l'élu des Hauts-de-Seine a d'abord pris son temps. Concerter et avaler les fiches avant de délivrer. Puis il est passé aux travaux pratiques sur le terrain.

À Montastruc-de-Salies dans le Comminges, au cœur de cette Occitanie frondeuse, il s'est lancé sans filet et sans frayeur apparente. Arrivés en colère, les paysans sont repartis à moitié convaincus. Déjà une demi-victoire. Jérôme Bayle, éleveur-rugbyman, porte-parole local de cette base exaspérée, a donné le point du « match » au chef du gouvernement, qui est ensuite allé se faire applaudir sur le barrage de l'autoroute A64. Bien sûr, les raisons de la crise ne sont pas toutes résolues. Le président de la FNSEA juge que le compte n'y est pas et promet de jouer les prolongations.

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Dans l'immédiat, Gabriel Attal a mouillé la chemise, pris des risques et donc gagné en crédibilité. « Ma méthode est claire : poser le constat, dire la vérité et agir sans tarder », a-t-il martelé en Haute-Garonne, s'appuyant sur la recette qui a fait son succès à l'Éducation nationale. « Simple, basique », comme le fredonne Orelsan, le chanteur préféré du Premier ministre.

Sa parole performative et son sens de la communication (ah ! le ballot de paille en guise de pupitre) complètent un style qui devrait s'affirmer un peu plus, mardi à l'Assemblée nationale, pour sa déclaration de politique générale. Exercice toujours périlleux pour tout nouveau chef du gouvernement. Gabriel Attal y affichera sa ligne politique, plus à droite que celle d'Élisabeth Borne. Fera-t-il du Pompidou (« N'emmerdons pas les Français ») ; du Rocard (« Réparons les boîtes aux lettres ») ou du Valls (« Défendons les valeurs de la République ») ? À l'Élysée, où l'on ne tarit pas d'éloges sur « la vitesse, l'impact et l'action » que le nouveau Premier ministre aurait déjà imposés, Emmanuel Macron attend qu'il fasse justement du Attal et porte cet « optimisme de la volonté » pour obtenir des résultats. Et éviter une dérouillée aux européennes.

On a compris que Gabriel Attal maîtrisait l'art oratoire conjugué à une com efficace. Tant mieux. C'est devenu un bagage minimum pour réussir à Matignon. Mais est-ce suffisant pour résoudre les urgences françaises (pouvoir d'achat, simplification administrative, sécurité...) ? « Tous les discours n'avancent point les choses : il faut faire et non pas dire », disait Molière.
Simple. Basique.

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