Les loyers capitalisés à Paris, une véritable bombe à retardement

Par Bertil Fort, François-Marie Didier et Jean-Baptiste Olivier (*)  |   |  552  mots
(Crédits : Philippe Wojazer)
OPINION. Derrière ce terme technique, il s'agit d'un mode de financement qui permet à la Ville de racheter des logements en utilisant son droit de préemption, de les convertir en logements sociaux et de demander au bailleur qui va les exploiter pendant les cinquante prochaines années de lui verser l'intégralité des loyers qu'il va percevoir en une fois. Par Bertil Fort, conseiller du Xè arrondissement, François-Marie Didier et Jean-Baptiste Olivier, conseillers LR de Paris (*).

D'après un sondage Harris-Interactive paru le week-end dernier, Anne Hidalgo est créditée de 6% des intentions de vote pour les élections présidentielles de 2022. Quand les Français connaîtront l'ampleur des dégâts provoqués par sa gestion des finances de la Ville de Paris, qui souhaitera qu'elle gouverne le pays ?

Prenons l'exemple des loyers capitalisés. Derrière ce terme technique, se cache une réalité bien plus simple : il s'agit d'un mode de financement qui permet à la Ville de racheter des logements en utilisant son droit de préemption, de les convertir en logements sociaux et de demander au bailleur qui va les exploiter pendant les cinquante prochaines années de lui verser l'intégralité des loyers qu'il va percevoir en une fois. C'est comme si vous viviez au-dessus de vos moyens et que vous alliez demander à votre patron de vous avancer 10 ans de salaires. Ces sommes considérables qui auraient dû être perçues durant des décennies sont ainsi englouties en un seul exercice budgétaire et hypothèquent l'avenir de Paris. C'est irresponsable !

Une « manœuvre comptable »

Cet arrangement avec les règles de la comptabilité publique remonte à 2015. François Hollande, alors Président de la République, avait accordé cette faveur à la Maire de Paris afin qu'elle puisse continuer à dépenser sans compter malgré l'endettement record de la Ville qui atteint aujourd'hui près de 7 milliards d'euros (+98% depuis 2014). Cette pratique a d'ailleurs été dénoncée par la Chambre Régionale des Comptes d'Île-de-France qui l'a qualifiée de « manœuvre comptable ».

Tirent les prix de l'immobilier parisien à la hausse

Depuis 2016, la Ville de Paris a acquis près de 20.000 logements en utilisant ce procédé. Ces biens, dont beaucoup étaient destinés aux classes moyennes, ont ainsi été retirés du parc privé et ont contribué à faire grimper les prix de l'immobilier. C'est la loi de l'offre et de la demande.

Les loyers capitalisés détériorent les conditions de vie des Parisiens qui occupent un logement social et dégradent durablement les finances de la Ville de Paris

Sur les cinq dernières années, c'est ainsi plus de 1,2 milliard d'euros qu'ont versé les bailleurs sociaux à la Ville de Paris, augmentant leur endettement et réduisant d'autant leur capacité d'investissement notamment pour les travaux de réparation et de rénovation énergétique pourtant si essentiels. Résultat : les conditions de vie des locataires se sont largement dégradées (fuites d'eau, plafonds qui s'écroulent...). Rachida Dati a largement relayé ces dérives durant la dernière campagne municipale.

Face à l'explosion de la dette, la Mairie a donc trouvé un moyen d'équilibrer ponctuellement ses comptes et d'éviter de faire des efforts (ou des choix ?) budgétaires. C'est ce qui explique qu'il y ait toujours 80% du budget des 10 milliards d'euros de la Ville qui soit consacré aux dépenses de fonctionnement... À titre de comparaison, la Région Île-de-France est parvenue à les réduire de 60% à 40% de son budget en seulement 5 ans

Les loyers capitalisés sont ainsi une véritable bombe à retardement pour les finances de la Ville et les Parisiens. En tant qu'élus, notre devoir est de le faire savoir afin que personne ne se trompe sur le bilan qu'Anne Hidalgo finira par laisser à Paris...