Anne Hidalgo : « les villes sont le grand impensé des pouvoirs nationaux dans la lutte contre le dérèglement climatique »

Intervenant en ouverture du Forum Zéro Carbone, à la veille du cinquième anniversaire de l'Accord de Paris, l'élue de Paris a réaffirmé sa détermination et celle des maires du monde entier à prendre toute leur place dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Cinq ans après l'appel de Paris pour le climat, la détermination et le credo de la Maire de Paris Anne Hidalgo n'ont pas changé : « il y a cinq ans, nous avons, nous les maires, essayé de mettre un pied dans la porte des négociations sur le climat. Aujourd'hui, nous sommes toujours persuadés que c'est par l'action concrète à l'échelle locale qu'on peut réduire l'élévation des températures ». En 2015, à l'initiative de Michael Bloomberg, un sommet de 1.000 maires tenu à l'Hôtel de Ville de Paris avait apporté aux négociateurs du Bourget une déclaration commune pour intégrer les villes comme acteurs clés de la lutte contre le réchauffement climatique. Cinq ans plus tard, alors que 2020 sera l'une des années les plus chaudes de l'histoire, une nouvelle déclaration sur l'urgence de l'action sera transmise par les villes aux négociateurs de la COP26 à Glasgow.

Dans un sondage exclusif Ifop La Tribune sur « Les Français, la COP21 et l'action des maires des grandes villes », Anne Hidalgo arrive en tête du classement des édiles les plus engagés, avec 40% des Français déclarant avoir confiance en elle pour agir en faveur du climat. Une opinion positive qui réchauffe le cœur de la maire de Paris qui a subi pendant longtemps des attaques répétées contre ses mesures visant à réduire la circulation automobile dans la capitale : « tous les matins sur les matinales des radios, on entendait parler des bouchons parisiens. Cette offensive aurait pu nous empêcher d'avancer ». Ça n'a pas été le cas et Anne Hidalgo se félicite que ses concitoyens aient fait « cette révolution dans leur tête, surtout les jeunes générations. Plus personne ne remet en cause la nécessité de diminuer la pollution ». Un peu esseulée il y cinq ans, la maire de Paris a depuis gagné la bataille de l'opinion sur ce sujet du réchauffement, même si les résistances sur ses mesures pour réguler le flot des véhicules, comme l'annonce récente de la disparition de la moitié des places de stationnement, n'ont pas disparu.

Les pouvoirs locaux peuvent jouer un rôle de contre-pouvoirs

Elle se félicite que les ONG et les entreprises se soient engagées dans ce processus, à l'image du BTP ou du monde de la finance : « même les groupes qui produisent des énergies fossiles comprennent que l'avenir est ailleurs. Mais il faut aller beaucoup plus vite ». Pour elle, l'interdépendance de tous les pays est indispensable pour éviter la catastrophe annoncée. La maire de Paris compte bien continuer à collaborer avec les élus des autres grandes métropoles mondiales : « quand Donald Trump s'est retiré de l'accord de Paris, Michael Bloomberg, le maire de New-York, et d'autres maires américains ont décidé de s'engager et d'agir ». Les pouvoirs locaux peuvent jouer un rôle de contre-pouvoirs, à condition que les Etats leur en donnent les moyens. Depuis 2015, dans le cadre du C40 Cities, les villes mondiales ont publié leurs plans d'action climatique.

Le C40 Cities a publié aujourd'hui une nouvelle analyse des plans d'action pour le climat de 54 villes, confirmant qu'elles contribueront à la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de maintenir les températures mondiales en dessous de l'objectif de l'Accord de Paris, fixé à 1,5 °C, soit le niveau que les scientifiques estiment nécessaire pour faire face à la crise climatique mondiale. L'analyse comprend les examens de nouveaux plans complets de 14 villes : Montréal ; Vancouver ; Buenos Aires ; Curitiba ; Guadalajara ; Medellin ; Rio de Janeiro ; Salvador ; São Paulo ; Mexico ; Milan ; Lisbonne ; Dakar et Johannesburg. Les données confirment que ces plans d'action climatique, lorsqu'ils seront pleinement déployés, protégeront les habitants, créeront des emplois, lutteront contre les inégalités et s'attaqueront à la crise climatique mondiale. Les efforts déployés par ces grandes villes du monde empêcheront qu'au moins 1,9 gigatonnes d'émissions de GES ne soient libérées dans l'atmosphère entre 2020 et 2030, soit l'équivalent de la moitié des émissions annuelles combinées des 27 pays de l'Union Européenne. La nouvelle analyse a été dévoilée aujourd'hui par Mark Watts, Executive Director du C40, lors d'un événement organisé par la maire de Paris, Anne Hidalgo, à l'occasion des cinq ans de la signature de l'Accord de Paris sur le climat.

Les villes, dont les plans d'action climatique ont été examinés dans le cadre du programme Deadline 2020 du C40, et dont les objectifs scientifiques ont été confirmés comme étant conformes aux objectifs de l'Accord de Paris, comprennent Los Angeles, Boston, Houston, New York City, Portland, Seattle et Washington D.C. aux États-Unis ; Vancouver et Montréal au Canada ; Mexico et Guadalajara au Mexique ; Curitiba, Rio de Janeiro, Salvador et São Paulo au Brésil ; Buenos Aires en Argentine ; Medellin en Colombie ; Melbourne en Australie ; Stockholm en Suède ; Oslo en Norvège ; Copenhague au Danemark ; mais aussi Barcelone ; Paris ; Londres ; Amsterdam et Rotterdam ; Milan ; Lisbonne ; et Accra au Ghana ; Durban et Johannesburg en Afrique du Sud ; et Dakar au Sénégal.

Relance et climat : Hidalgo en appelle à l'Europe

« Le plan de relance européen ne pourra se réaliser si les collectivités ne sont pas impliquées. Or, elles ne le sont pas », regrette Anne Hidalgo, pour qui les maires sont « les grands absents, le grand impensé des pouvoirs nationaux qui ne nous intègrent pas dans leurs plans de relance ». Elle ne doute pas de la volonté de la Commission Européenne de soutenir l'emploi en s'alignant sur les objectifs de l'accord de Paris. En revanche, l'attitude de l'administration de Bercy, « qui continue de penser que toute bonne dépense est celle qu'on ne fait pas ! »  ne passe pas pour la maire de Paris, qui lance un appel solennel à la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen : « nous devons aller la voir en délégation pour la persuader que l'argent des plans de relance doit être dépensé avec les villes ».

Commentaires 3
à écrit le 12/12/2020 à 14:29
Signaler
HIDALGO a tellement envie de se présenter en 2022 qu’elle est prête à dire tout et n’importe quoi pour que sa candidature devienne une réalité. Car, concernant les initiatives contre le réchauffement à Paris, pour la végétalisation, il faut souvent p...

à écrit le 12/12/2020 à 12:21
Signaler
Elle veut que l'État gouverne à Paris plutôt que le maire de Paris, c'est ça ?

à écrit le 11/12/2020 à 15:54
Signaler
Il y a ceux qui "impensent" (sic!) et ceux qui dépensent. A Paris, les raisons ne manquent pas de préférer les premiers.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.