Florian Philippot (FN) gagne son pari dans le Grand Est

Par Olivier Mirguet, à Strasbourg  |   |  568  mots
La progression du FN, grâce à a figure de Florian Philippot, est nette dans toute la région, avec des scores en progression de plus de 100 % par rapport à l'ancien découpage administratif.
Florian Philippot devance ses adversaires en attirant 36,06 % des voix devant le candidat Les Républicains 25,83 %, le parti socialiste pointant largement derrière avec 16,11 %.

Le score du FN, emmené par Florian Philippot, était l'enjeu de ce premier tour des régionales en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Le parti de Marine Le Pen vire en tête dimanche soir avec 36,06 % des voix, devant la liste d'union de la droite et du centre emmenée par l'Alsacien Philippe Richert (LR) créditée de 25,83 % et celle du socialiste Jean-Pierre Masseret (16,11 %), président sortant du Conseil régional de Lorraine.

Ecroulement du parti socialiste

L'issue du second tour, dimanche prochain, dépendra de la position des socialistes qui ont fait état de leur refus d'un retrait en faveur de la liste de Philippe Richert ou d'une fusion, dans l'esprit d'un front républicain. « Je défendrai jusqu'au bout le fait que nous soyons présents lors du scrutin le 13 décembre », a déclaré Jean-Pierre Masseret lors de son dernier meeting de campagne à Strasbourg le 3 décembre, en dépit des sondages qui le donnaient déjà largement distancé. « Jean-Pierre Masseret a raison d'adopter cette position. Il faut qu'il y ait un minimum de représentation de la gauche dans la future assemblée régionale », observe Jean-Paul Bachy, président sortant (Divers Gauche) du Conseil régional de Champagne-Ardenne, qui ne se représente pas. Le PS s'est écroulé dans le Bas-Rhin, avec 10,77 % des voix. Pour Catherine Trautmann, ancien maire (1989-1997 et 2000-2001) de Strasbourg, ce résultat est « un ébranlement politique ». Les socialistes sauvent la face à Nancy (Meurthe-et-Moselle), où ils arrivent en tête avec 30,15% des voix.

La gauche dispose d'un réservoir de reports de voix relativement important chez les écologistes (6,7 % pour la liste EELV emmenée par Sandrine Bélier) et le Front de Gauche (3,1 %). A droite, les composantes LR, UDI et Modem ont fait liste commune dès le premier tour. En fin de campagne, Philippe Richert a promis que les documents de vote étaient « déjà imprimés » et laissé entendre qu'aucune fusion de listes n'était envisageable.

Voter blanc

La liste autonomiste « Non à l'ACAL » présentée par le parti alsacien Unser Land est créditée de 4,7 % des voix. Andrée Munchenbach, présidente d'Unser Land, a affirmé dimanche soir son « refus de toute consigne de vote », appelant à « voter blanc » pour exprimer « le mécontentement face à une réforme territoriale dont nous n'avons pas voulu ». Ses électeurs, présents essentiellement en Alsace, pourraient être tentés par le FN au deuxième tour. « Si le FN préside cette grande région, je crains pour notre santé économique », prévient Jean-Pierre Bachy. « Si ils veulent fermer nos frontières, il faudra qu'ils trouvent des solutions miracles pour que nos travailleurs frontaliers n'aient plus besoin de chercher un emploi dans les pays voisins ».

La progression du FN est nette dans toute la région, avec des scores en progression de plus de 100 % par rapport à l'ancien découpage administratif. A Hayange (Moselle), dans la seule commune de la région dirigée par le FN, le parti a obtenu près de 46 % des voix. En 2010, en Alsace, Philippe Richert l'avait emporté au second tour avec 46,16 % des voix, devant la liste socialiste (39,27 %) et le FN, distancé à 14,57 %. En Lorraine, le socialiste Jean-Pierre Masseret avait gagné la région avec 50,01 % des voix devant la liste UDI de Laurent Hénart (31,55 %) et le FN à 18,44 %. En Champagne-Ardenne, Jean-Paul Bachy (Divers Gauche) l'avait emporté avec 44,31 % des voix devant le candidat de la droite Jean-Luc Warsmann (38,51 %) et le FN (17,18 %).