Anne Hidalgo veut redécouper Paris

Par Mathias Thépot  |   |  779  mots
La mairie de Paris souhaite également donner à la capitale plus d'autonomie vis à vis de l'Etat.
La maire de Paris Anne Hidalgo souhaite fusionner les premier, deuxième, troisième et quatrième arrondissements. Cette mesure fait partie des quatre orientations qui seront présentées au parlement afin d'aboutir à une réforme des institutions de la capitale.

Voilà une mesure qui ne manquera pas de faire réagir. Afin de réformer ses statuts, le Conseil de Paris a en effet adopté quatre orientations qui seront portées auprès du gouvernement et du Parlement, et dont une a littéralement révolté l'opposition : la fusion des premier, deuxième, troisième et quatrième arrondissements parisiens. Les équipes de la maire PS Anne Hidalgo justifient ce regroupement des quatre plus petits arrondissements de la capitale par la nécessité de « tenir compte des nouveaux équilibres démographiques et de créer de nouvelles synergies, les conseils et les services des quatre arrondissements centraux étant regroupés ».

Cela « garantirait aux habitants concernés une meilleure représentation démocratique et un renforcement des services publics. Il ouvrirait par exemple davantage de possibilités aux parents qui demandent une place en crèche, il améliorerait aussi l'action de la collectivité en matière de propreté, de protection et de prévention ou d'éducation », assure la maire Anne Hidalgo dans un communiqué. Par ailleurs, « cette disposition, qui verrait le jour en 2020, s'avérerait neutre sur le rapport de force politique », ajoute Anne Hidalgo.

L'opposition s'indigne

Ces arguments n'ont pas convaincu l'opposition et notamment Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), l'adversaire d'Anne Hidalgo au second tour des dernières élections municipales, qui ne voit dans la fusion de ces arrondissements qu' « une logique politicienne ». L'ancienne vice-présidente du parti LR estime qu'en proposant ce regroupement, Anne Hidalgo souhaite en fait sécuriser la majorité de gauche dans le quatrième arrondissement, tout près de basculer à droite aux dernières élections municipales - la gauche l'a emporté de seulement 55 voix. Ce, grâce au poids significatif du troisième arrondissement où la gauche compte une large majorité puisqu'elle a gagné en 2014 avec environ 2.500 voix d'avance sur la droite.

Si les quatre arrondissements étaient regroupés, le parti LR pourrait aussi perdre un maire d'arrondissement, puisque dans le premier, son candidat Jean-François Legaret l'avait emporté dès le premier tour lors des dernières élections municipales avec environ 1.500 voix d'avance sur la gauche. Bref, NKM dénonce les manœuvres d'une majorité qu'elle juge « méprisante et cynique » vis-à-vis de l'opposition.

Prendre ses distances vis à vis de l'ETat

En revanche, les trois autres orientations proposées par la maire ont fait davantage consensus au sein du Conseil de Paris. La plus importante est certainement celle qui donne à Paris une plus grande autonomie vis à vis de l'Etat. En effet, davantage que dans d'autres communes, l'Etat, par le biais de la préfecture, a les compétences pour s'immiscer dans les affaires de la mairie de Paris.

Et si les orientations présentées la semaine prochaine par Anne Hidalgo au premier ministre Manuel Valls étaient adoptées au niveau législatif, « la maire de Paris aurait enfin des pouvoirs de plein exercice en matière de circulation, de lutte contre l'habitat indigne, de nuisances sonores d'origine professionnelle, de régulation des activités économiques, d'affaires funéraires, de la police des baignades, de délivrance des titres d'identité ». Jusqu'ici, le préfet a aussi la compétence de fixer les « 12 dimanches concernés par une dérogation au repos dominical », que la mairie aimerait récupérer.

Le but avoué d'Anne Hidalgo par cette orientation est aussi d'obtenir « une plus grande maîtrise des berges de la Seine et voir son rôle s'accroître dans la gestion des taxis ». « Les forces de police pourraient ainsi se consacrer pleinement à leurs missions prioritaires : la sécurité et l'ordre public », ajoute-t-elle.

Fusion de la Ville et du département

Par ailleurs, le conseil de Paris a voté le principe de fusion entre la ville et le département, puisque Paris a la particularité en France de cumuler les deux statuts de collectivité. Une telle mesure « mettrait fin à l'enchevêtrement de compétences (...), rendrait la collectivité plus identifiable et compréhensible pour les citoyens (...), renforcerait la transparence et la sincérité budgétaires, et élargirait les compétences des arrondissements aux affaires départementales », indique la mairie.

Enfin, le rôle des maires d'arrondissements pourrait être renforcé, puisque Anne Hidalgo « souhaite donner davantage de pouvoirs et de responsabilités aux maires d'arrondissement, au profit de politiques publiques de proximité ». Et ainsi envisager « un accroissement de leurs responsabilités en matière de propreté, de lutte contre les incivilités, de politique de la Ville, de subventions aux associations, d'affichage associatif, d'occupation du domaine public, ou encore dans la délivrance des titres d'identité ». Une manière aussi de donner des gages aux élus parisiens mécontents de la fusion des quatre premiers arrondissements.