Anne Hidalgo, voix de la gauche française à l'international ?

Par Mathias Thépot  |   |  642  mots
La maire de Paris prend de plus en plus de poids au niveau international
La maire de Paris Anne Hidalgo, qui pourrait bien être la personne politique aux fonctions les plus importantes à gauche après 2017, se pose en leader des métropoles mondiales.

Depuis qu'elle a été élue maire de Paris, Anne Hidalgo (PS) tente progressivement d'acquérir une stature internationale. On la voit par exemple s'afficher régulièrement avec le maire de New York Bill de Blasio. Et après avoir accueilli la COP 21 en décembre dernier, elle vient, ce lundi, de se porter candidate à la présidence du C40, un groupe fédérant 83 des plus grandes villes du monde, et dont la mission est de lutter contre le dérèglement climatique. Le même jour, elle s'est exprimée pour la première fois devant la communauté diplomatique de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) afin de soutenir la campagne en faveur d'une croissance inclusive des grandes métropoles. Elle y a délivré un message clairement politique : moteur de la croissance mondiale, le développement des métropoles ne saurait se faire sans considérer les risques de hausse des inégalités.

Marqueurs de gauche

Son discours truffé de marqueurs de gauche - lutte contre les inégalités, mixité sociale, logements abordables, transition écologique - détonne dans un contexte français où l'on reproche au chef de l'État François Hollande d'avoir renié ses promesses de campagne, ce qui a incontestablement participé au désamour le concernant. Forte de sa position de maire de la puissante ville capitale, Anne Hidalgo trace ainsi sa route, parfois en désaccord avec l'exécutif en place sur des sujets tels que l'environnement ou le logement, ses deux priorités. Elle est par exemple la seule maire de France à appliquer l'encadrement des loyers dans sa ville.

De là à considérer que les métropoles deviendraient plus puissantes que les États ? Pas encore. La maire de Paris se veut en effet pragmatique. « Ce n'est pas aller à l'encontre des États que de converser entre villes », tempère-t-elle à l'OCDE. Mais elle maintient tout de même que « les "villes mondes" recensent près de la moitié de l'humanité, et cette part va aller en grandissant ». D'où la nécessité « de coopération entre les métropoles internationales » dont elle tente d'être un élément moteur, tout en martelant sa vision métropolitaine du développement économique intégrant la lutte contre les inégalités.

Dimension humaniste

Ces inégalités génèrent en effet « des frustrations et des colères fortes », vecteurs d'instabilité. « Il est nécessaire de remettre au cœur de la pensée économique la politique environnementale et la dimension humaniste ! », a ainsi asséné Anne Hidalgo à l'OCDE. « Il n'y a pas d'un côté l'économique et de l'autre côté le social, car une société ne peut progresser que si elle prend en compte ces deux piliers. Une société qui ne se préoccupe pas des plus fragiles n'avance pas, fait du surplace, voire régresse », ajoute-t-elle.

Son discours peut paraître contradictoire dans un contexte de compétition internationale exacerbée entre métropoles qui tentent d'attirer des investisseurs en recherche de rendements. Or Anne Hidalgo le concède, Paris a vocation à « être dans le haut des classements internationaux des villes les plus attractives ». Mais elle estime aussi qu' « une ville puissante se doit aussi d'être une ville bienveillante ». Un objectif ardu à atteindre, mais elle assume vouloir s'attaquer à cette « complexité pour essayer d'avancer ».

S'appuyer sur le Grand Paris

La montée en puissance de la métropole du Grand Paris, qui doit permettre de « lisser les frontières » pour réduire les inégalités, sera dans ce cadre décisive. Atteindre cet objectif serait, du reste, un succès pour Anne Hidalgo qui pourrait, une fois les élections présidentielles et législatives de 2017 passées, devenir la personne politique aux fonctions les plus importantes à gauche en cas de défaites de son camp.