Île-de-France : le logement au cœur du débat des élections régionales

Par Mathias Thépot  |   |  851  mots
Quel sera le rôle de la région Île-de-France en matière de politique du logement ?
Les candidats aux élections régionales des deux principaux partis politiques ont détaillé leurs propositions en faveur du logement, lors d'un colloque se tenant à la fédération française du bâtiment.

Il y a quelques jours au siège de la fédération française du bâtiment (FFB), dans le très chic sud du 17ème arrondissement parisien, les lobbys de l'immobilier (FFB, fédération des promoteurs immobiliers (FPI) et fédération national de l'immobilier (Fnaim)) se sont réunis afin d'évoquer la politique du logement dans la métropole du Grand Paris. Eatient notamment présents les deux principaux candidats à la présidence du conseil régional d'Île-de-France, Valérie Pecresse (LR) et Claude Bartolone (PS), invités à exposer leurs propositions sur ce sujet.

Les intentions des deux candidats intéressent, car si l'Etat, les communes et les intercommunalités possèdent les principales compétences en matière de logement, le conseil régional a aussi son mot à dire. Son rôle a même été récemment renforcé dans la loi NOTRe, qui lui donne « la compétence pour promouvoir (...) le soutien à l'accès au logement et à l'amélioration de l'habitat ». La région peut donc concrètement venir en appui financier des communes - d'autant plus que celles-ci connaissent en ce moment des difficultés financières, et participer à l'organisation d'un cadre règlementaire favorable à la production de logements.

Identifier le foncier constructible

Devant un parterre de professionnels acquis à sa cause, Valérie Pécresse fut la première à détailler son programme. Sur les sujets liés à l'urbanisme, elle a tout d'abord assuré vouloir préserver « l'esprit village » des communes résidentielles franciliennes, tout en prônant le maintien « des espaces verts et des forêts ».

D'où la nécessité d'identifier finement les réserves foncières sur le territoire francilien pour construire davantage de logements.

Ainsi, la candidate Les Républicains assure qu'elle prendra la présidence de l'établissement public foncier d'Ile-de-France si elle est élue. Plus précisément, Valérie Pécresse s'est engagée à mobiliser les réserves foncières des lycées (elle a recensé 10 millions de mètres carrés de foncier non bâtis autour des lycées) afin d'y construire 25.000 nouveaux logements pour les jeunes et notamment les étudiants. Elle a aussi indiqué qu'il fallait construire au-dessus des 72 gares du Grand Paris, « ce qui n'est pas prévu partout » déplore-t-elle.

Inciter les maires à construire

Claude Bartolone promet de son côté qu'il réformera la gouvernance du logement en Île-de-France en créant une nouvelle instance dédiée spécifiquement au logement francilien, « un peu à la manière de ce qui existe dans les transports avec le Syndicat des transports d'Île-de-France (Stif) », explique-t-il. Celle-ci sera notamment motrice dans d'identification des réserves foncières, ainsi que dans la planification des objectifs fixés en matière de construction de logement.

Les compétences en matière d'urbanisme des communes sont aussi au centre des débats. Intransigeant, Claude Bartolone milite pour que les maires franciliens qui ne respecteront pas les exigences fixées dans les documents d'urbanisme en matière de production de logements, se voient retirer l'octroi des permis de construire. Valérie Pécresse se limite pour sa part à appeler à la mobilisation des maires pour qu'ils construisent.

Des divergences sur les sujets sociaux

Du reste, s'il y avait un sujet de divergences à dégager, il concernerait clairement la vision sociale du logement. Ainsi Valérie Pécresse souhaite casser les ghettos par une solution propre à la droite : si elle est élue, la région ne cofinancera plus la construction de logements très sociaux dans les villes comptant plus de 30 % de logements sociaux. En parallèle, elle soutiendra les classes moyennes à devenir propriétaire - elle regrette la baisse du taux de propriétaires en Île-de-France de 50 % en 2007 à 47,5 % aujourd'hui - par la distribution d'un « prêt à taux zéro (PTZ) cumulable avec celui de l'Etat, et qui sera accessible pour un achat dans le neuf comme dans l'ancien », propose-t-elle.

Claude Bartolone met pour sa part l'accent sur la location très sociale, sociale et intermédiaire, ainsi que sur l'accession sociale à la propriété. Comme Valérie Pecresse, il propose une aide complémentaire au PTZ de l'Etat, mais seulement dans les communes situées en zone A (386 communes d'Ile-de-France) pour accroître le nombre de primo-accédants. Enfin pour les jeunes, le candidat PS souhaite élargir la caution locative étudiante - qui avait en quelque sorte remplacé la très polémique garantie universelle des loyers promise par Cécile Duflot - à l'ensemble des jeunes de moins de 30 ans.

Bref, si les programmes des deux candidats se rapprochent sur les sujets qui font consensus (mobilisation du foncier, soutien aux primo-accédants, limitation de l'étalement urbain...), en revanche les divergences idéologiques sur le terrain du logement social restent prégnantes. Le contexte est il faut dire houleux : le ministre de la Ville Patrick Kanner a rendu vendredi une visite très médiatique à la maire Les Républicains d'Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne), afin de dénoncer la part ridicule d'1,7% de logements sociaux que compte la ville, pour rappeler aux maires leurs obligations en la matière.