Le sujet épineux du logement en Île-de-France

Par Mathias Thépot  |   |  525  mots
Tous les candidats aux élections régionales avancent la nécessité de construire partout en Île-de-France pour endiguer la pénurie d’offre de logements. Mais les deux principaux, Valérie Pécresse et Claude Bartolone, s’opposent sur le logement social.

Si l'État, les communes et les intercommunalités possèdent les principales compétences en matière de logement, le conseil régional a aussi son mot à dire. Son rôle a même été récemment renforcé dans la loi NOTRe, qui lui donne « la compétence pour promouvoir [...] le soutien à l'accès au logement et à l'amélioration de l'habitat ». La Région peut donc concrètement venir en appui financier des communes - d'autant plus que celles-ci connaissent en ce moment des difficultés financières - et participer à l'organisation d'un cadre réglementaire favorable à la production de logements.

Sur le sujet de l'immobilier, les programmes divergent

Les promesses des différents candidats en matière de logement pour les élections régionales en Île-de-France sont donc à prendre en considération, même si la Région y consacre seulement 163 millions d'euros par an sur un budget de 4,9 milliards d'euros. Mais dans la région-capitale, un appartement s'achète en moyenne à 5. 220 euros du mètre carré selon le site Notaires Paris-Île-de-France, soit près de deux fois plus cher que dans les autres grandes métropoles françaises ! De quoi faire fuir les ménages franciliens vers des contrées plus accueillantes.

Les deux principaux candidats à la présidence de la Région en sont pleinement conscients et ont élaboré plusieurs propositions, parfois convergentes. Tous deux avancent par exemple la nécessité de construire partout pour endiguer la pénurie d'offre de logements en Île-de-France. L'État a d'ailleurs fixé comme objectif de construire 70. 000 logements par an dans la région, ce qui équivaut à accroître la production annuelle de 50 %. Il faut dire que la population francilienne devrait augmenter de 750. 000 personnes entre 2007 et 2025, puis de 450 .000 entre 2025 et 2040. Conséquence très concrète : certains spécialistes avancent que, si rien n'est fait, il manquera 1,2 million de logements dès 2030. Ainsi, des sujets comme la mobilisation du foncier, la limitation de l'étalement urbain ou le soutien à l'accession à la propriété font consensus chez les deux principaux candidats à la présidence de la Région.

« Obligation de construire des logements sociaux »

Mais il y a aussi des sujets de friction entre Valérie Pécresse (LR-UDI-MoDem) et Claude Bartolone (PS), qui concernent principalement la vision sociale du logement. Ainsi, Valérie Pécresse veut réorienter les financements de la Région des plus démunis vers les classes moyennes. Elle souhaite notamment casser les ghettos par une solution propre à la droite : si elle est élue, la Région ne cofinancera plus la construction de logements très sociaux dans les villes qui en comptent plus de 30 %. À l'inverse, Claude Bartolone assure pour sa part qu'il coupera, s'il l'emporte, les subventions régionales aux mairies qui ne « se conformeront pas à leur obligation de construire des logements sociaux ».

Ce débat s'inscrit dans un contexte médiatique tendu, puisqu'il y a quelques semaines, le ministre de la Ville (PS) Patrick Kanner a rendu visite à la maire LR d'Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne), afin de dénoncer la part ridicule de 1,7 % de logements sociaux que compte la ville, pour rappeler aux maires leurs obligations en la matière.