Que va faire Valérie Pécresse pour l'économie de l'Île-de-France ?

Par Mathias Thépot  |   |  921  mots
La future présidente de la région Île-de-France va maintenant devoir passer des paroles aux actes pour satisfaire ses électeurs.
La future présidente du conseil régional d'Île-de-France, Valérie Pécresse, a prévu dans son programme notamment des réductions de dépenses et une rénovation complète des transports de la région.

Tout récemment élue présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse va maintenant être confrontée aux attentes légitimes de ses électeurs : passer des paroles aux actes afin de dynamiser le tissu économique francilien. Elle a d'ailleurs beaucoup promis en la matière, même si les compétences de la région ne lui permettent pas de maîtriser tous les tenants et aboutissants de son économie, notamment la fiscalité. Il se dégage, du reste, du programme de Valérie Pécresse un grand nombre de propositions clairement ancrées à droite.

Plan anti-gaspillage, crédits européens et... taxe poids-lourds

En premier lieu, elle a mis en avant son "plan anti-gaspillage" des ressources financières de la région - il est question de 400 millions d'euros d'économies par an sur la mandature -, et dont les points les plus symboliques sont certainement la baisse des subventions aux associations de 75 millions d'euros par an, et le non remplacement d'un fonctionnaire territorial sur deux partant à la retraite - hors lycées -, qui ferait gagner 17 millions d'euros par an à la région Île-de-France.

Pour dégager de nouvelles ressources, l'ancienne ministre du Budget compte aussi mobiliser les crédits européens (145 millions d'euros par an), dont elle n'a cessé de dénoncer la sous-utilisation par la mandature précédente. Elle souhaite aussi agir pour l'instauration d'une taxe pour les poids-lourds en transit qui pourrait rapporter 100 millions d'euros par an à la région.

Investissement massif dans les transports

Tout cela mis bout à bout devrait, assure la future présidente de la région Île-de-France, permettre de financer des investissements, notamment en matière de transports, le premier budget de la région (1,8 milliard d'euros pour un budget total de 4,9 milliards d'euros). Car, pour sa politique des transports, la candidate LR met en avant deux grands axes.

Le premier sera l'amélioration du réseau de transports en commun, sur lequel elle aura la mainmise puisqu'elle présidera également la société des transports d'Île-de-France (Stif), dotée d'un budget de 6,5 milliards d'euros. Fort de ses compétences, Valérie Pécresse a promis que d'ici à la fin de son mandat, toutes les rames de RER et de Transilien seraient neuves ou rénovées. Afin de « désengorger les lignes existantes et désenclaver la grande couronne », elle a aussi inscrit à son agenda la création de 5 lignes de bus express supplémentaires, et le déploiement de 1.000 bus supplémentaires sur le réseau.

« Ces bus seront plus fréquents et emprunteront des voies dédiées pour desservir plus rapidement les gares de Grande couronne », expliquait dans son programme la future présidente de la région capitale.

Second axe de Valérie Pécresse: miser sur la création de nouvelles routes pour désengorger les axes routiers existants, un point sur lequel elle s'est fortement différenciée de la gauche pendant la campagne. Elle en a même fait un argument écologique :

« Moins d'embouteillages, c'est moins de stress, moins de perte de temps et surtout moins de pollution », expliquait-elle.

En outre, la région investira ainsi 125 millions d'euros par an pour « élargir certaines routes existantes », et pour « construire de nouveaux tronçons ».

Miser sur l'apprentissage

Concernant l'apprentissage, la formation professionnelle et l'emploi, pour lesquelles la région consacre près de 700 millions d'euros par an, Valérie Pécresse a aussi lancé plusieurs idées. Elle mettra notamment en place « des formations en alternance pour les salariés qui viennent de perdre leur emploi et souhaitent se reconvertir » qu'elle nommera « contrat d'apprentissage senior ». Pour faciliter les embauches, un« chèque apprenti » pour les PME sera créé. Il « dispensera l'entreprise de toute formalité administrative et permettra à plusieurs entreprises de recruter un même apprenti ».

Autre mesure à caractère plus clivant : la droite redirigera à l'avenir les moyens dédiés aux emplois aidés dans le secteur public vers le monde de l'entreprise. Une proposition qui avait fait bondir à la gauche de la gauche lors de la campagne.

Le logement... pour les classes moyennes

Enfin, en matière de logement, un secteur sur lequel la région n'intervient qu'en cofinancement (160 millions d'euros de son budget), la candidate a assuré qu'elle ne financerait plus la construction de logements très sociaux dans les communes qui en comptent déjà plus de 30 % afin, dit-elle, de mettre fin à la ghettoïsation des populations au sein de la région. Dont acte. Mais elle ne prévoit quasiment rien à l'inverse pour les communes qui ne construisent pas assez de logements très sociaux. Pour les bailleurs, seule une « aide à la construction de logements sociaux à destination des classes moyennes » devrait être instaurée.

En revanche, en ce qui concerne l'accession à la propriété - un thème historiquement cher à la droite -, la région pourrait mettre le paquet. Valérie Pécresse promet en effet que le conseil régional financera un prêt à taux zéro (PTZ) cumulable avec le prêt à taux zéro de l'Etat pour des achats dans le neuf et dans l'ancien. Ce PTZ régional permettra d'obtenir un prêt de 40.000 euros maximum et remboursable sur une période de 12 à 25 ans. De quoi, peut-être, soutenir l'accession à la propriété des jeunes des classes moyennes.

Cette mesure pose, du reste, une question plus globale sur le programme de Valérie Pécresse : prendra-t-elle suffisamment en compte les ménages les plus modestes dans ses politiques de développement économique ?