Salon des maires d'Île-de-France : "Nous allons appeler à un acte III de la décentralisation" (Stéphane Beaudet)

Par César Armand  |   |  517  mots
Stéphane Béaudet, président de l'Association des maires d'Île-de-France. (Crédits : Revelli-Beaumont/SIPA)
INTERVIEW. Lors du salon que l'Association des maires d'Île-de-France va organiser du 16 au 18 avril, son président (ex-LR) Stéphane Beaudet appellera le gouvernement à un acte III de la décentralisation. « Une forte demande de renforcement du pouvoir local » s'est en effet exprimée dans les doléances franciliennes.

LA TRIBUNE - Le pouvoir d'achat a été la première revendication des Franciliens dans les « cahiers citoyens » mis à leur disposition en mairie. Que pouvez-vous faire pour améliorer le niveau de vie de vos concitoyens ?

STÉPHANE BEAUDET - L'amélioration du niveau de vie par le pouvoir local se fait à la marge. Nous travaillons cependant sur la transition énergétique en réhabilitant des immeubles ou en reprenant la gestion de l'eau et du chauffage urbain. Il y a vingt ans, les habitants me parlaient de la sécurité. Aujourd'hui, ils dénoncent le montant des charges de copropriété. La problématique de l'aménagement du territoire, et notamment la distance domicile-travail, revient également sur la table, mais relève de l'État. Quand le gouvernement nous retire la taxe d'habitation, seule recette dynamique des collectivités, il doit nous prouver que cela n'amputera pas notre modèle social.

Après avoir accueilli le président de la République le 4 février dernier à Évry-Courcouronnes dans le cadre du Grand débat national, qu'attendez-vous justement de la part de l'exécutif ?

La question du pouvoir d'achat se pose très clairement au moment même où la France se porte bien. À mes yeux toutefois, le sujet le plus essentiel reste le rapport des Français aux élus. La démocratie actuelle telle qu'on l'entend habituellement ne suffit plus. Il faut renforcer la démocratie participative entre deux élections, comme en témoigne la demande de référendum d'initiative citoyenne (RIC) formulée par les « Gilets jaunes ». Dans les cahiers de doléances, se dégage un problème de rupture entre le peuple et le pouvoir central, avec une forte demande de renforcement du pouvoir local. Le président de la République a promis un acte II de son quinquennat. Pendant le Salon des maires d'Île-de-France, nous allons appeler à un acte III de la décentralisation.

Le retour du conseiller territorial entre le département et la région, tel qu'annoncé par le ministre des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu dans nos colonnes, est-elle une première réponse satisfaisante ?

C'est une première réponse pour aller vers des débats territoriaux. Il doit exister 6.500 élus entre les conseils départementaux et les conseils régionaux. Les réduire à 3.000 serait une décision bienvenue. Se posent ensuite deux questions : qui vient siéger où ? Quel sera le mode de scrutin ? En revanche, si les deux collectivités ne changent pas de compétences, rien ne bougera.

Et si une mesure immédiate devait être prise pour atténuer la crise sociale, quelle serait-elle ?

Je ne crois pas aux solutions miracle, mais en la multitude de solutions. Sur un même palier, aucune famille ne connaît les mêmes difficultés. Plutôt que de nous promettre un « Grand Soir », il faut nous donner des capacités agiles d'intervention.

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