L' hypothèse des marchés financiers efficients et autorégulateurs a été maintes fois battue en brèche. Ces marchés semblent défaillants dans l'appréciation effective des risques, incapables d'appréhender les nouvelles raretés, rétifs au financement d'une nouvelle révolution industrielle décarbonée. De plus, le temps des territoires et des métropoles appartient au temps long lorsqu'il s'agit de financer la transition énergétique. Financer les villes, les territoires et des sociétés humaines, rétablir la primauté des chaînes de valeur locales, clé de l'innovation, et engranger des gains de « résilience énergétique », semble plutôt relever d'incitations fiscales et réglementaires, expression des préférences collectives. Pour autant, des études ont montré la capacité de certaines banques régionales, bien ancrées sur leurs territoires, de soutenir des investissements dans des projets d'efficacité énergétique.
Des dépenses publiques sous contrainte
Le compte n'y est pas. La transition énergétique des territoires urbains requiert des investissements massifs. Certains modes de financement classiques ont fait leurs preuves : développement d'infrastructures collectives ou publiques financées par les promoteurs immobiliers en contrepartie d'une densification urbaine, ou encore mise en place de taxes lorsque la gouvernance nationale l'autorise. Mais ces solutions ne sont pas généralisables et les dépenses publiques des villes européennes sont sous contraintes. Il apparaît que des formules émergentes de type « contrat de performance » pourraient connaître un développement au cours des prochaines années, avec la mise en oeuvre de partenariats public-privé pour financer la transition.
Mais rien ne pourra se généraliser en l'absence d'un signal prix clair sur le carbone. La question d'une participation des villes au marché carbone pourrait donc prochainement être posée. Des mécanismes ont été mis en place pour le financement des projets dans les collectivités des pays en développement. Concernant les pays développés, il pourrait être envisagé de rétrocéder aux collectivités les fonds du marché carbone européen.