La nécessaire mutualisation du Dernier Kilomètre

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance mène une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective, pilotée par des collaborateurs de Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L'un des sujets stratégiques récemment abordés est la question des livraisons et du dernier kilomètre à parcourir. Chargé d'affaires Innovation chez Bpifrance, Rémi Courtois d'Auzac nous explique les défis liés à ces activités, les difficultés pour les relever et les solutions envisagées.
« Il s'agit également d'accroître l'attractivité de la France en matière de logistique qui doit être vue comme une mission de service public »,Rémi Courtois d'Auzac, Chargé d'affaires Innovation chez Bpifrance
« Il s'agit également d'accroître l'attractivité de la France en matière de logistique qui doit être vue comme une mission de service public »,Rémi Courtois d'Auzac, Chargé d'affaires Innovation chez Bpifrance (Crédits : DR)

Le paradoxe est de taille. Aujourd'hui, il est plus facile, plus écologique et moins cher de se faire livrer une marchandise de Shanghai à Dunkerque que de Gennevilliers à Paris ! Et demain, si rien n'est fait, cette situation risque de s'aggraver, ne serait-ce qu'en raison du nombre de livraisons toujours plus élevé, dans des villes de plus en plus vertes, qui ne cessent de s'agrandir et où les surfaces dévolues aux entrepôts, moins rentables que l'habitat, sont de plus en plus éloignées du centre. « Le dernier kilomètre est responsable de 30% de la congestion urbaine, de 25% des émissions de CO2 en ville et il peut représenter jusqu'à la moitié du coût total de la logistique », énumère ainsi Rémi Courtois d'Auzac, chargé d'affaires Innovation chez Bpifrance. Autant de défis à relever dès maintenant, aussi bien pour les acteurs comme Fnac-Darty, Amazon, FoodChéri ou autres (représentant un tiers des flux de livraison urbaine, en direction des particuliers), que pour les entreprises qui livrent supermarchés, commerçants, restaurants ou autres (représentant les deux tiers restants des flux).

Digitaliser les acteurs

Plusieurs solutions sont envisagées. Reste à les mettre en application. « Le secteur de la livraison du dernier kilomètre est très atomisé, et certains acteurs restent peu digitalisés », prévient Rémi Courtois d'Auzac. Conséquence, la collecte d'informations sur les flux est peu pratiquée, alors qu'elle serait nécessaire pour les optimiser. En outre, du fait que les pouvoirs publics ne disposent pas de ces informations, « la réglementation se fait au doigt mouillé », regrette ce spécialiste. Si les agglomérations étaient plus au fait des flux, de la typologie des camions, des zones les plus fréquentées et des horaires, elles pourraient affiner la mise en place de pistes cyclables, par exemple, ou le stationnement. Au-delà de la collecte de données, la solution passe donc par leur mutualisation, afin de les faire remonter jusqu'à l'administration locale. Or pour que cette mutualisation ait lieu, « il faut un tiers de confiance, émanant d'un pilotage national qui anonymiserait les données, d'autant que le secteur est très concurrentiel », précise Rémi Courtois d'Auzac. Il voit dans la création, au début de cette année, de France Logistique, une association portée par le ministère de l'Ecologie, une raison d'espérer. « Il faut que, grâce aux informations qui seront récoltées, les acteurs publics redéfinissent les règles du jeu et que les acteurs privés s'adaptent pour rester compétitifs avec des réglementations de plus en plus présentes », relève-t-il, pour ajouter : « Il s'agit également d'accroître l'attractivité de la France en matière de logistique qui doit être vue comme une mission de service public ».

Certaines agglomérations ont déjà pris des initiatives pour tenter de résoudre le problème du dernier kilomètre, mais cela ne suffit pas, d'autant que la situation tourne vite au casse-tête pour les entreprises, puisque les réglementations sont disparates. Ainsi, un camion de 35 tonnes est accepté dans une ville mais pas dans une autre. Pas facile pour un acteur national de s'adapter... Le message que porte Rémi Courtois d'Auzac, au sein de Bpifrance, est donc qu'il faut évangéliser les acteurs du secteur, pour faire en sorte qu'une collecte et un partage des données aboutisse à des réglementations plus adaptées. Le tout pour optimiser ce Dernier Kilomètre et diminuer les nuisances qu'il engendre.

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