Repousser les frontières de la science

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est celui de l’IA dans le secteur de la santé. La startup DNA Script, par exemple, est fondée sur la catalyse enzymatique de l'ADN. Avec pour but ultime de développer une imprimante à ADN, au profit des chercheurs qui œuvrent dans les sciences de la vie, la pharmacie ou l'agro-alimentaire.
(Crédits : DR)

C'est au cours de sa carrière chez Total que cet ingénieur scientifique, spécialisé dans les biocarburants, a identifié qu'un des « freins majeurs pour la biologie synthétique, c'était l'ADN de synthèse », raconte Thomas Ybert. Avec ceux qui allaient devenir ses coéquipiers dans l'aventure entrepreneuriale - Xavier Godron et Sylvain Gariel - il réfléchit à un concept et un produit, pendant les weekends et les vacances. Puis, les trois co-fondateurs de DNA Script, lancée en 2014, obtiennent quelques fonds auprès de leurs proches et déposent un premier brevet. Mais pas question de démarrer dans un garage ! Les trois entrepreneurs approchent l'Institut Pasteur, dont les experts sont reconnus parmi les plus pointus au monde dans ce domaine, pour un contrat de collaboration. Ils leur soumettent leur concept, unique au monde, et fondé sur la catalyse enzymatique de l'ADN. « Avant, l'ADN de synthèse était réalisé avec des produits chimiques, dangereux en termes de manipulations et pour l'environnement. Sans oublier que c'était long et coûteux », explique Thomas Ybert. Non seulement l'innovation de DNA Script déjoue ces problèmes mais en plus, elle est de nature à mettre en valeur les recherches de l'Institut Pasteur. Les premiers essais débutent en 2014. « Nous avions plusieurs candidats en matière d'enzymes et ça a marché ! », poursuit-il. Une première mondiale...
Il s'agissait donc de passer à une nouvelle étape, puisque le but ultime est de développer, au profit des projets de science de la vie, une imprimante à ADN à partir d'enzymes spécialement développées - des protéines naturelles qui vont accélérer les réactions chimiques - le tout dans le but de créer une séquence ADN personnalisée, qui pourra servir tant pour les sciences de la vie que pour la pharmacie ou l'agro-alimentaire.

Levées de fonds

Et les scientifiques ne sont pas les seuls à y croire. Les investisseurs aussi. Aussi DNA Script a-t-elle réussi à convaincre des spécialistes du capital-risque. Avec une première levée de fonds, de 2,5 millions d'euros, en 2016, puis d'autres, dont, en 2019, une opération de 35 millions d'euros. Menée par Life Sciences Partners (LSP), un fonds néerlandais spécialisé dans les secteurs de la santé et de la biotechnologie, l'opération a embarqué le fonds Large Venture de Bpifrance, de même que les investisseurs historiques, notamment Illumina Ventures - « qui nous a repéré en 2017 », précise Thomas Ybert -, Merck Ventures, Sofinnova Partners, Kurma Partners et Idinvest Partners. Au total, DNA Script a levé plus de 55 millions d'euros depuis sa création. Et ce n'est pas tout. La jeune pousse a également signé un contrat de collaboration avec le prestigieux Broad Institute, à Boston (et y a implanté une filiale). De même, après avoir été co-incubée par Agoranov (un incubateur parisien qui accompagne des startups de la deeptech, de l'industrie, du numérique et de la santé) et l'ESPCI (l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris), DNA Script s'est finalement installée dans ses propres locaux, au Kremlin Bicêtre.

Stockage de données dans l'ADN

En outre, elle fait désormais partie d'un consortium avec l'université d'Harvard et le Broad Institute du MIT. L'ambition ? Développer des polymères à séquence contrôlée qui serviront de base à des technologies de stockage de données dans l'ADN. « Nous repoussons les frontières de la science », dit tout simplement Thomas Ybert. Aujourd'hui, DNA Script, qui a débuté avec trois personnes, s'apprête à embaucher de nouveau, pour disposer d'une équipe d'une soixantaine d'experts de très haut niveau. Elle s'est également implantée à San Francisco. « Nous aurons potentiellement encore besoin d'une nouvelle levée de fonds pour transformer notre technologie en produit », annonce l'entrepreneur. Le produit, c'est la fameuse imprimante ADN, pour ouvrir à la science et à l'industrie de nouvelles perspectives, inconnues jusqu'ici.

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