Les pros du tourisme de la région Provence-Alpes-Cote d’Azur agissent face au covid-19

François de Canson, Président du Comité Régional de Tourisme Provence-Alpes-Côte d’Azur explique comment les acteurs du secteur du tourisme de la région se sont adaptés à la crise sanitaire. Solidarité, innovation et adaptabilité sont les maîtres mots.
François de Canson, Président du Comité Régional de Tourisme Provence-Alpes-Côte d’Azur.
François de Canson, Président du Comité Régional de Tourisme Provence-Alpes-Côte d’Azur. (Crédits : DR)

Comment les gestionnaires d'hébergements, d'activités ou les restaurants ont fait face à l'arrêt de leur activité ?

Avant toute chose, il convient de souligner la solidarité dont ont fait preuve les professionnels du tourisme de la région. Je pense d'abord aux hébergeurs qui se sont organisés rapidement pour pouvoir accueillir le personnel soignant et les plus démunis. Ces initiatives sont souvent le fait des réseaux ou grands groupes nationaux comme Accor ou les Gîtes de France mais aussi de plusieurs hébergements indépendants qui ont ouvert leurs portes pendant cette période.

Par ailleurs, de nombreuses entreprises du secteur des vins et spiritueux, dont l'image est souvent liée à l'art de vivre en Provence (à travers le Rosé et le Pastis notamment), ont fait don de milliers de litres d'alcool pour soutenir les laboratoires pharmaceutiques notamment dans la production massive de gels hydroalcooliques. Je pense notamment à Pernod-Ricard mais aussi à de nombreux sites oenotouristiques du territoire à l'image du Château de Saint-Martin à Taradeau dans le Var. Parallèlement, de nombreuses savonneries et parfumeurs, avec en premier lieu les fabricants de « Savon de Marseille », ont offert des produits d'hygiène sanitaire aux plus démunis ou encore aux écoles pour leur permettre de lutter plus sereinement contre la propagation du virus. En complément, comment ne pas évoquer les entreprises de cosmétiques et en premier lieu L'Occitane, véritable vitrine de la Provence à l'international, qui a produit directement près de 70 000 litres de gel hydroalcoolique pour soutenir les besoins de production.

Particulièrement touchés par cette crise et confrontés à la difficulté de conserver une activité en période de confinement, les restaurateurs n'ont pas été en reste et ont fait preuve d'un réel esprit d'innovation et de solidarité, de la petite brasserie au restaurant étoilé, en passant par les traiteurs. Je pense à la Maison Marrou avec « ses repas des héros » ou encore à Gérald Passédat qui a mis en place un Drive au Petit Nice à Marseille, restaurant classé « 3 étoiles Michelin ». Pour eux, il est temps que la 2ème phase de déconfinement se mette en place pour retrouver une activité régulière.

Dans un contexte difficile comme celui-ci, comment maintenir le contact avec la clientèle ?

La première clef est de bien s'organiser et de faire preuve d'intelligence collective. Jamais l'adage « seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin » n'a été aussi important. La Région a mis en place, pendant le confinement, une carte interactive pour recenser les producteurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur restés ouverts ou proposant un drive pendant la période de confinement. D'autres structures comme la Chambre Régionale des Métiers et de l'Artisanat, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence ou Inter Rhône ont mené des démarches similaires dans leurs domaines d'actions. Les Chambres de Commerce et d'Industrie, au niveau régional et territorial, ont également répondu présent en accompagnant au quotidien les entreprises touristiques dans leurs démarches.

Autre élément important : maintenir le lien avec ses clients et continuer à les faire rêver. Cela se fait généralement grâce à l'esprit d'innovation. Certains avaient déjà des outils pour le faire à l'image de nombreux sites culturels de la région qui proposent des visites virtuelles. Je pense notamment au MUCEM à Marseille, au Musée des Gorges de Préhistoire de Quinson ou la Galerie Lympia à Nice qui, faute de pouvoir proposer son exposition temporaire dédiée au peintre et graveur Pierre Soulage pendant le confinement, a proposé une visite virtuelle de l'expo à 360°. Autre initiative remarquable : celle du camping Port Pothuau à Hyères. Cet hébergement a proposé un programme d'animations sur sa page Instagram pour donner envie à ses clients actuels et potentiels de les vivre en vrai plus tard. Les offices de tourisme ne sont pas en reste comme celui de Saint-Cyr-sur-Mer qui a organisé une chasse aux œuf numérique pendant le week-end de Pâques.

Comment ces même professionnels du tourisme préparent la reprise ?

Dans les semaines, les mois et années à venir, il va être primordial d'apporter des garanties aux clients sur le respect des normes sanitaires. Petit à petit, des outils ont été proposés pour aider les acteurs du secteur dans ce sens. Ainsi, par exemple, dès la mi-avril, le Ministère du Travail a élaboré des fiches conseils pour aider les salariés et les employeurs dans la mise en œuvre des mesures de protection contre le COVID-19 sur les lieux de travail et assurer la continuité de l'activité économique. Ensuite, un protocole de déconfinement a été élaboré début mai par le Gouvernement pour aider les entreprises à assurer la sécurité et la santé des salariés.

Aujourd'hui, je pense qu'un doctrine sanitaire nationale doit être établie. Elle doit être applicable, réaliste, en cohérence avec ce qui se fait à l'international et sur nos marchés de proximité sans sur interprétation. Il ne faut pas qu'un excès de zèle en la matière vienne condamner des ouvertures par une marche d'adaptation infranchissable pour nos professionnels. Comment peut-on obliger les professionnels de la restauration, par exemple, à aménager des espaces de 4 m2 pour chaque client ? La question de l'équité et de la différentiation territoriale est aujourd'hui centrale.

Reste une question clef et épineuse : celle de l'ouverture des hébergements touristiques. Il est difficilement compréhensible pour les professionnels qu'hôtels, gites, chambres d'hôtes puissent travailler quand les campings restent aujourd'hui soumis à fermeture administrative. Il faut impérativement éviter une fracture au sein du secteur touristique et, dans ce sens, l'équité doit être de mise.

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