L'arrivée du nouvel algorithme de Google en France inquiète

Par Sandrine Cassini  |   |  518  mots
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Le moteur de shopping Twenga a vu son audience et son chiffre d'affaires chuter de 40% en Grande-Bretagne. Panda, l'algorithme de Google censé éliminer les spams, a été lancé en avril.

En voulant améliorer la qualité de ses recherches, Google fait des victimes collatérales. Le moteur a lancé en février dernier aux Etat-Unis Panda nouvel algorithme destiné à faire le tri dans les résultats de recherche, et à bannir les contenus uniquement créés pour faire du volume et attirer des bandeaux publicitaires. Aux Etats-Unis, les résultats des requêtes des internautes étaient surtout pollués par des spams.

Objectif de Google : lutter contre les sites baptisés "scrappers", qui se contentaient de copier automatiquement des contenus à succès publiés sur d'autres sites, de manière à profiter de façon de recettes publicitaires indues. Par exemple, pour la requête "Paris Hilton arrested whith cocaine" (Paris Hilton arrêtée avec de la cocaïne), le moteur de recherche affichait "190.000 pages de réponses reprenant le même article de MNBC", indique Bastien Duclaux, directeur général de Twenga, moteur de recherche de shopping. Panda vise aussi les fermes de contenus, ces sites où sont fabriqués des articles à bas prix en fonction des mots-clefs tapés par les internautes.

Google a procédé à ces changements le 12 avril dernier au Royaume-Uni. Problème : le moteur n'écarte pas seulement les spams et les fermes de contenus comme eHow. "Notre audience en Angleterre a chuté de 40% entre le 12 et le 13 avril", indique Bastien Duclaux. Sans remonter depuis. Corollaire de cette chute, un recul du chiffre d'affaires dans les mêmes proportions. Pour le directeur général, le chute de Twenga dans les résultats de recherche s'explique par le passage insuffisamment long des internautes sur le site. De fait, Twenga, dont plus de la moitié de l'audience dépend du référencement sur Google, se veut comme étant un point de passage entre les consommateurs et les produits. "Nous référençons 200.000 marchands, nous en visons 500.000. Et nous voulons passer de 400 millions à 1 milliard d'offres référencées", indique le directeur général, qui a tenté de sensibiliser Jean-Marc Tassetto, le directeur général de Google France à son problème.

En parallèle de Panda, Twenga se plaint de la stratégie de Google, vis-à-vis de ses services maison, comme le moteur de shopping maison Google Product Search, devenu premier comparateur en un an, au Royaune Uni, tandis que Twenga a reculé. "Il y a une montée en puissance des services verticaux. Le problème c'est que les critères de classement du moteur ne s'appliquent pas à ces services", conteste Bastien Duclaux, qui fait aussi remarquer que Google Product Search est entièrement gratuit, financé par les généreuses recettes publicitaires du moteur de recherche. Actuellement, la Commission européenne enquête sur les pratiques de Google. Le site utilise-t-il sa position dominante dans la recherche (sa part de marché est de 90% en Europe) pour éliminer des concurrents, et notamment des moteurs de recherche verticaux ? Bruxelles doit donner des réponses cette année.

En attendant, l'enjeu est lourd. Twenga a réalisé un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros l'an passé et attend 25 millions cette année.