L'économie numérique, grande absente de la campagne présidentielle

Par latribune.fr  |   |  570  mots
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Où sont les propositions pour le numérique dans la campagne présidentielle ? Treize associations et fédérations représentatives de l'industrie française du numérique s'inquiètent du silence des principaux candidats, à commencer par les deux favoris des sondages, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Pourtant, l'économie de l'immatériel emploie 1,5 million de personnes en France et recrute 40.000 personnes chaque année.

Pas modernes, les candidats à l'élection présidentielle ?  Peut-être. Ce lundi, un collectif encore sans nom, qui réunit treize associations et fédérations représentatives de l'industrie française du numérique, a lancé un appel aux prétendants à l'Elysée. L'objectif: que les candidats s'engagent sur des propositions concrètes pour le secteur de l'économie "immatérielle".

1,5 million d'emplois, 25% de la croissance française en 2010

En effet, si l'économie numérique se développe depuis seulement une vingtaine d'années, elle est l'un des secteurs à soigner pour les années à venir. En France, le secteur emploie pas moins de 1,5 million de personnes, dont 700.000 créations d'emplois ces quinze dernières années, selon le collectif. Tous les ans, 40.000 personnes sont recrutées, dont 25.000 jeunes. Le chiffre d'affaire de l'économie numérique est même estimé à 41 milliards d'euros, soit davantage que les industries aéronautique ou pharmaceutique. Selon le rapport McKinsey de 2011, 20% de la croissance française entre 2005 et 2009 ont été directement liés au numérique et à Internet. Et ce chiffre s'élève même à 25% pour 2010.

10 propositions pour les candidats

Depuis le mois de janvier 2012, Syntec Numérique, l'un de ecs treize organismes, interpelle les candidats à l'élection et les parlementaires."La France ne bénéficiera des effets du numérique qu'à condition de mettre en place une politique volontariste pour accélérer les programmes d'investissements dans les infrastructures numériques", précise-il dans un rapport adressé aux candidats présentant dix propositions pour l'avenir de cette industrie. Parmi elles figurent la création d'un crédit impôt-recherche pour encourager l'investissement d'entreprises internationales dans le numérique français, et des filières de formation aux métiers du numérique accessibles à tous. La réalisation d'économies dans l'administration et l'Etat par l'utilisation généralisée du numérique, ou encore des initiatives "citoyennes" comme la mise en place de la télésurveillance médicale à domicile pour les patients victimes par exemple de diabète, ou l'e-gestion des hôpitaux publics sont également proposés. "La France a connu sa révolution industrielle au XIXè siècle, elle doit aujourd'hui vivre sa révolution industrielle numérique", précise Guy Mamou-Mani, le président de Syntec Numérique, à l'origine de ces dix propositions.

Les candidats s'engagent sur la généralisation du haut débit

Du côté des candidats, s'il est vrai que le thème de l'économie numérique ne tient pas une place majeure dans la campagne, des propositions ont déjà été faites. Mais elles concernent essentiellement le très haut débit. Dans son discours du Bourget, François Hollande s'est déjà engagé à soutenir l'économie numérique en "organisant avec les collectivités locales et les industriels la couverture intégrale de la France en très haut débit d'ici 10 ans", soit un coût total d'un milliard d'euros. Une accélération de trois ans par rapport à l'objectif de Nicolas Sarkozy, qui a fixé en 2010 un objectif de couverture de 100 % du territoire en 2025.

Mais pour Guy Manou-Mani, les engagements actuels des deux principaux candidats à l'Elysée sont insuffisants, tout comme le bilan de Nicolas Sarkozy en la matière. Selon lui, une vision pour les entreprises du numérique est totalement absente des projets des deux candidats. Qui ont donc un mois pour y remédier.