Mobile : cacophonie sur la fin des frais de «roaming » en Europe

Par Delphine Cuny  |   |  371  mots
Neelie Kroes.
La rumeur circule que Neelie Kroes aurait renoncé à demander l’abolition des tarifs d’itinérance pour les appels mobiles au sein de l’Union. La commissaire européenne au numérique assure qu’il n’en est rien et donne rendez-vous pour l’annonce officielle le 11 septembre.

C'est le grand sujet de fâcherie entre les opérateurs télécoms européens et Neelie Kroes, la commissaire européenne en charge de l'agenda numérique : en mai dernier, la commissaire a annoncé qu'elle allait proposer l'abolition du « roaming », les frais d'itinérance que l'on paie en utilisant son téléphone portable à l'étranger, dès l'an prochain au sein de l'Union. Stupeur et hurlements des opérateurs mais aussi de certains régulateurs, y compris l'Arcep en France, s'inquiétant des effets potentiellement dévastateurs d'une telle mesure appliquée brutalement. Cette mesure devait être au cœur du projet de créer un véritable marché unique des télécoms. Or l'agence Reuters affirme avoir consulté un document de la Commission européenne présentant un projet révisé qui n'évoque même plus le sujet !

Inciter plutôt que contraindre les opérateurs

Le porte-parole de Neelie Kroes a démenti lors d'une conférence de presse à Bruxelles et sur Twitter : « nous avons toujours l'intention de nous débarrasser du roaming », invitant à suivre l'annonce du projet le 11 septembre prochain au Parlement européen à Strasbourg. Mais il semble que l'intention ne soit plus qu'incitative et non contraignante pour les opérateurs, invités par exemple à supprimer ces surcoûts sur leurs propres réseaux dans les autres pays de l'Union. Dans une version antérieure de ce nouveau « paquet télécoms », le cadre réglementaire du secteur en Europe, la Commission proposait de réduire de 70% le tarif maximum d'un appel voix entre juillet 2014 et juin 2022 à 3 centimes d'euro par minute contre 10 centimes depuis le mois dernier. Concernant l'internet mobile, le précédent projet consulté par Reuters évoquait un une division par dix du prix de gros de la « data », soit 1,5 centime par mégaoctet contre 15 centimes aujourd'hui. Les patrons des plus grands opérateurs européens, Orange, Deutsche Telekom, Telefonica et Telecom Italia, ont rencontré Neelie Kroes fin juillet pour lui exposer leurs craintes. Au point de pousser la commissaire à faire entièrement machine arrière ? Le porte-parole de Neelie Kroes évoque des « améliorations techniques apportées au projet pendant l'été. » Réponse officielle dans moins de deux semaines.