Du CES de Las Vegas, "presque tous les Français sont repartis les mains pleines"

Par Propos recueillis par Marina Torre  |   |  895  mots
Denis Jacquet,
Denis Jacquet, fondateur de Parrainer la Croissance, dresse le bilan du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas qui s'est terminé le 10 janvier et en évoque les coulisses.

Le CES, grand show des produits électroniques grand public de Las Vegas, s'est achevé vendredi. Denis Jacquet, qui préside "Parrainer la Croissance", en tire un bilan et dévoile quelques coulisses de l'événement côté français. 

La présence de Français sur le salon a beaucoup fait parler. Mais est-ce qu'ils se sont réellement tant fait remarquer que ça ? 

Denis Jacquet - L'attention n'était pas braquée sur les Français en permanence, il ne faut pas exagérer. Il y a eu 10.000 visiteurs de plus cette année, soit quasiment 165.000 visiteurs en tout. Il y a des kilomètres carrés d'exposition...  En revanche à la différence de 2013, le nombre de Français était près de deux fois et demi plus important, il y avait un pavillon, des institutions qui n'étaient pas là les années passées. Jamais les Français n'ont été autant représentés. C'est vrai qu'en termes de qualités d'ingénieurs, de créativité, c'est une terre qui interpelle. Dans la Silicon Valley, dans le top 10 des sociétés (Amazon, Google, etc.), il y a en moyenne entre un et quatre Français. On est un peu moins bon pour en faire du vrai business mais on est très bon pour trouver et proposer les idées. Certaines entreprises ont reçu des prix, ce qui a contribué à braquer le projecteur sur elles. Donc non, le salon n'a pas tourné seulement autour de la France, mais il n'a jamais tourné autant autour de la France. 

A part l'intérêt pour la visibilité, des contrats ont-ils été conclus sur place?

C'est ce qui est bien au CES. Il y a beaucoup d'investisseurs présents dans les couloirs partout où il y a des start-up. Et ils prennent vraiment rendez-vous, se téléphonent, se revoient parfois trois fois dans la même journée, commencent à discuter prix. Deuxièmement, il y a des vrais clients. Je pense à TazTag [qui crée des objets cryptés pour gérer et traiter des données professionnelles] ou Okidokeys [qui a conçu un signal sonore crypté émis depuis tout type de portable les plus vieux]. Ces start-up repartent avec des contrats quasiment pré-signés. 

Les Français sont d'ailleurs tous repartis avec des contratsproches de la signature, des chiffres, des négociations. On a encore organisé un dîner pour en réunir une vingtaine hier soir, tous rentrent avec des propositions. 

Les mêmes qui ont obtenu les prix ou pas?

Ceux qui ont obtenu les prix ont forcément un niveau d'attention plus élevé. Mais là, de façon quasi unanime, tout le monde est reparti les mains pleines. Même les start-up qui ne pouvaient se payer un stand, par l'effet d'entraînement, ont obtenu quelque chose. 

Combien coûte un stand? 

Tout dépend de la taille. Par exemple, Ubifrance a mis en place des stands mutualisés en partie subventionnés. Hors personnel, une entreprise pouvait s'en tirer pour 3 à 4.000 dollars. Si vous prenez TazTag, présent pour la cinquième année, rien que l'infrastructure coûte 60.000 dollars, et il faut rajouter le personnel qui coûte cher puisque vous avez des chambres d'hôtel, des billets d'avions... Le stand Parrot, je n'ose pas imaginer. En tout, c'est certainement un coût d'1 million de dollars. Mais tout le monde passe son temps chez Parrot! 

La présence de Fleur Pellerin et Pierre Gattaz a-t-elle joué un rôle essentiel pour les entreprises? 

Habituellement au CES, et dans la plupart des grands salons du monde, il y a toujours un soutien extrêmement fort des gouvernements. Qu'est-ce que ça apporte? Il y a d'abord toute la partie infrastructure, mutualisation, événements organisés. Ensuite, une Pellerin ou un Gattaz suscitent l'attention. Tous les investisseurs, les clients écoutent, regardent le livret, le site internet, et débarquent. Ce qui pourrait être mieux, ce serait d'organiser des challenges, des prix qui feraient dire aux investisseurs: "à telle heure, je vais chez les Français parce qu'on va voir le meilleur du meilleur'.

>> Fleur Pellerin, ambassadrice de la French Tech au CES de Las Vegas

A part les gadgets qui font le buzz, quelle tendance a des chances de s'imposer? 

Je pense à Sen.se, une belle boîte française. Franchement, c'est une idée géniale de dire que tous les objets ne peuvent pas être connectés mais qu'en rajoutant des capteurs n'importe quel objet peut devenir connecté.  C'est LE gros marché qui ne peut pas s'essouffler. Le deuxième qui ne peut pas s'essouffler, c'est la santé. Maintenant, même là il y a des gadgets sans lendemain. 

>> Le patron de Sen.se veut inventer l'internet de la banalité quotidienne

Un objet à retenir?

Non. Il y a eu plusieurs objets dans plusieurs catégorie mais personne n'a dit: ouah, cet objet sera une révolution! Mais il y a de vraies améliorations. Par exemple, dans l'impression 3D, les imprimantes les plus souvent commercialisées sont précises à 10 microns, là certaines le sont à 1 micron. Dans l'impression 3D, dans les voitures intelligentes, dans les nouveaux écrans télé, on voit des technologies embryonnaires qui promettent de devenir époustouflantes. 

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Pour aller plus loin

>> Diaporama: Les "Frenchies en vedette au CES"