Temps de chargement des pages Web en France : ça rame !

Par Delphine Cuny  |   |  551  mots
Un internaute français met 6,4 secondes à charger la page d’un site, presque 2 secondes de plus qu’un Suisse ou un Néerlandais, selon l’observatoire réalisé par Cedexis pour le groupement des éditeurs de services en ligne. Numericable et Free s’en sortent mieux que SFR et Orange…

« On navigue plus vite sur un site français depuis la Suisse ou l'Estonie que depuis la France ! » s'étonne lui-même Julien Coulon, cofondateur de la société Cedexis, qui se définit comme un « aiguilleur du Net ». La société franco-américaine a réalisé pour le GESTE, le groupement des éditeurs de services en ligne, qui compte notamment ceux du Monde, du Figaro, de l'Equipe et de France Télévisions, un observatoire de la qualité de service Internet, dont les conclusions ne sont pas forcément à l'avantage des fournisseurs d'accès français. Cedexis a mesuré le temps de chargement total (publicité et modules externes compris) des pages Web, à l'aide d'une sonde, un « tag » intégré de manière invisible dans les pages des éditeurs. Et la comparaison à l'échelle européenne n'est pas très flatteuse. Le temps de chargement médian des pages des sites membres de l'observatoire est de 6,4 secondes, tous fournisseurs d'accès confondus. Ce qui place la France en 19e position sur 30 pays européens, loin derrière la Suisse, numéro un à 4,46 secondes, les Payx-Bas (4,51) ou l'Estonie (4,52), mais aussi la Grande-Bretagne (4,71) ou la Roumanie (5,94).

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Numericable et Free les plus rapides

Rôdé pendant quatre mois, l'observatoire, qui sera publié chaque mois, a permis de collecter 6,15 milliards de mesures. Du côté des fournisseurs d'accès, Numericable et Free s'en sortent le mieux, avec une vitesse médiane de chargement de 4,7 et 5,9 secondes respectivement. « Il s'agit uniquement de pages Web, pas de sites de vidéo » relève Julien Coulon, alors que Free avait fait l'objet d'une enquête du gendarme des télécoms sur les lenteurs observées par les abonnés ADSL consultant YouTube. Bouygues Telecom est juste derrière à 6,1 secondes, suivi d'Orange à 6,6 secondes ; chez SFR c'est entre 7,2 et 7,8 secondes pour les abonnés sur l'ancien réseau de Neuf Cegetel… L'étude souligne qu'il y a plus de 30 secondes d'écart de durée de chargement entre l'internaute le mieux loti et l'utilisateur le moins servi ! Et en outre-mer, le temps médian est près de deux fois plus élevé (12,2 secondes). « Il y a une vraie fracture numérique » insiste le dirigeant de Cedexis. Avis aux opérateurs.

Impact commercial pour les e-commerçants

Cette performance d'affichage n'est pas anecdotique pour les acteurs du Web et peut avoir un réel impact commercial. « La lenteur du chargement des pages d'un site dissuade systématiquement l'utilisateur de poursuivre sa navigation » souligne Julien Coulon. En particulier en matière d'e-commerce où le taux de transformation peut être divisé par sept en fonction du temps d'affichage de la page. En 2006, Amazon avait révélé que 100 millisecondes de latence pouvaient lui faire perdre 1% de chiffre d'affaires. En 2009, Google avait mesuré de son côté qu'un délai de chargement de 400 millisecondes faisait diminuer de 0,4% le nombre de recherches. Or « les éditeurs sont tributaires de l'ensemble de la chaîne technique pour délivrer leurs contenus et services à leurs clients » fait valoir Corinne Denis, la présidente du GESTE, également directrice générale adjointe du groupe Express-Roularta. Les éditeurs peuvent néanmoins avoir aussi une part de responsabilité sur le format et la quantité de publicités affichées qui « alourdissent » les pages...