L'avenir de Google+ en question après le départ de son créateur

Par Delphine Cuny  |   |  584  mots
C'est sur son compte Google+ que Vic Gundotra a annoncé son départ, après 8 années passées chez Google.
Le réseau social de Google n’a jamais su rivaliser avec Facebook. Son fondateur annonce son départ, soulevant des questions sur l’avenir du service.

Eric Schmidt, le président exécutif de Google, avait lui-même avoué il y a peu que son principal regret était d'avoir raté le virage des réseaux sociaux. Ses tentatives dans le domaine n'ont pas été très concluantes : après le premier flop de Google Buzz, le service Google+ n'a jamais réussi à faire de l'ombre à Facebook. Le créateur de Google+, Vic Gundotra, vient d'annoncer son départ, après huit années passées chez le géant de l'Internet. Un départ surprise, qui, bien qu'il semble motivé par des raisons personnelles, soulève des questions sur l'avenir du service. Lancé tardivement, il y a bientôt trois ans, le réseau social à la Google, dont la nouveauté était de créer plusieurs cercles de relations, revendique officiellement 540 millions d'utilisateurs actifs selon les derniers chiffres d'octobre dernier, mais seulement 300 millions suivant réellement le fil d'actualités, l'indicateur le plus proche des 1,2 milliard d'utilisateurs actifs par mois de Facebook.

 

« Google + est la sauce Tabasco de l'Internet, tout le monde l'a, mais personne ne s'en sert » avait ironisé David Jones, l'ex patron de Havas Worldwide, il y a quelques semaines sur son compte Twitter.

 

« Pas une ville fantôme »

« Non seulement Google+ n'est pas une ville fantôme, mais nous n'avons jamais connu une croissance aussi rapide » avait affirmé Vic Gundotra au New York Times dans un entretien il y a deux ans, alors que plusieurs études montraient que les inscrits ne revenaient pas forcément consulter ensuite le site, qualifié de « désert social ». Google a essayé et partiellement réussi à doper l'audience du site en l'intégrant à d'autres de ses services, notamment Gmail, YouTube pour commenter les vidéos, le bouton de partage de contenus « +1 », équivalent du « J'aime » de Facebook. Très utilisé par les employés de Google, qui y sont encouragés, le service n'a pas su développer tout un écosystème d'applications, de jeux notamment, comme Facebook, et n'offre pas la même vitrine marketing que le réseau mondial de Mark Zuckerberg pour les marques. Selon le site TechCrunch, l'équipe de Google+ qui serait constituée de 1.000 à 1.200 personnes, serait en pleine réorganisation, une partie (Hangouts) rejoignant celle d'Android. L'intégration "forcée" de Google+ dans les autres produits Google pourrait à l'avenir être plus discrète.

 

Hommage de Larry Page

« Tu as construit Google+ en partant de rien. Il y a peu de personnes dotées du courage et des capacités nécessaires pour créer quelque chose comme ça » a salué hier Larry Page, le cofondateur et directeur général du moteur de recherche, dans sa réponse à Vic Gundotra sur le réseau social maison qu'il « aime vraiment utiliser tous les jours. » Il affirme que le groupe va « continuer à travailler d'arrache pied pour bâtir de nouvelles expériences et encore accroître le nombre de fans de Google+ » après le départ de Vic Gundotra, dont la démission prend effet immédiatement. Il ne serait pas remplacé par son lieutenant Bradley Horowitz mais par David Bresbis, le vice-président chargé de l'ingénierie chez Google, selon le site Re/code. Il lui reviendra d'écrire la nouvelle page de l'histoire de Google+ qui doit se réinventer à l'heure des WhatsApp (racheté par Facebook pour 19 milliards de dollars), Snapchat et autres Line, ces applications de messagerie qui cartonnent chez les plus jeunes et semblent s'imposer comme la nouvelle génération de réseaux sociaux.