Eric Schmidt admet que Google a raté le virage des réseaux sociaux

Le président du géant de l'Internet estime que sa « plus grande erreur » a été de ne pas anticiper l’essor de ce phénomène, alors que l'on s'apprête à fêter les dix ans de Facebook. Il cite aussi le Big data et la génétique comme tendances à suivre cette année.
Delphine Cuny
Ce loupé stratégique est « une erreur que nous ne re-commettrons pas » prévient le président de Google.

Dans un rare moment de vérité, le président exécutif de Google, Eric Schmidt, reconnaît que le moteur de recherche a raté le virage « social ». Interrogée sur les tendances 2014 par l'agence Bloomberg, il confie dans une interview vidéo que « la plus grande erreur que j'ai faite a été de ne pas anticiper l'essor du phénomène des réseaux sociaux. Pour notre défense, nous étions occupés à beaucoup d'autres choses, mais nous aurions dû être présents dans ce domaine et j'en assume la responsabilité », indique-t-il.

Google a notamment concentré ses efforts sur le mobile, en lançant le système d'exploitation Android, au succès phénoménal : plus de 80% de parts de marché dans le monde aujourd'hui, cinq ans après la sortie du premier smartphone embarquant le logiciel. « Le mobile est en train de gagner » face au PC souligne le président de la firme de Mountain View, qui peut se targuer d'une victoire éclatante sur Apple et Microsoft dans la guerre du mobile. Mais face à Facebook, lancé en février 2004, il y a bientôt dix ans, et devenu un nouveau point d'entrée du Web et un carrefour d'audience incontournable, Google n'a réagi que tardivement avec son service maison Google + en 2011.

 Facebook devenu un concurrent sérieux dans la pub en ligne

Du coup, le site de Mark Zuckerberg reste indétrônable avec plus de 1,1 milliard de membres actifs par mois, près de quatre fois plus que Google + qui en revendique 300 millions ayant véritablement consulté le flux de contenus en ligne de ses contacts et 540 millions ayant interagi d'une manière ou d'une autre avec le site : cliqué sur le bouton +1 dans un article ou commenté une vidéo sur YouTube par exemple.

Les deux entreprises sont en concurrence directe dans la publicité en ligne et Facebook est devenu le deuxième vendeur de pub sur Internet aux Etats-Unis en 2013, derrière Google dont la part de marché s'est érodée à 39,9% selon le cabinet eMarketer, même s'il demeure très loin devant (Facebook a grimpé à 7,4%, au détriment de Microsoft et Yahoo). Dans le mobile, Facebook a mis le turbo et sa part de marché a presque doublé à 16% contre 41,5% pour Google. Ce loupé stratégique est « une erreur que nous ne re-commettrons pas » prévient Eric Schmidt, qui a été directeur général de Google de 2001 à 2011 avant de devenir président exécutif.

 Big data et génétique à suivre en 2014

Du côté des grandes tendances à suivre en 2014, il estime que « la plus grande rupture à venir dont nous sommes certains est celle de l'arrivée des Big data et de l'intelligence artificielle partout : la possibilité de juger et classer, de s'adresser spécifiquement à une personne etc, cela va changer toutes les activités dans le monde entier. La rupture que nous ne percevons pas encore bien se situe probablement dans la génétique » considère-t-il, prédisant des découvertes phénoménales en matière de traitement des cancers et de diagnostics grâce à la possibilité d'avoir ses propres données génétiques et de rassembler tous les séquençages d'ADN en un endroit... par exemple chez Google ? 

 >> voir l'interview vidéo d'Eric Schmidt

Delphine Cuny

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Commentaires 5
à écrit le 02/01/2014 à 21:24
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On a envie de dire, heureusement que Google a raté le virage des réseaux sociaux pour nos libertés personnelles.

le 03/01/2014 à 11:25
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Exactement. Toutes les informations personnelles rassemblées chez et exploitables par Google, bonjour le danger de Big Brother !

le 27/01/2014 à 22:38
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C'est sûr, avec Facebook au moins on est à l’abri.

à écrit le 02/01/2014 à 20:38
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Ce n'est pas en France qu'on verrait un dirigeant avouer ses erreurs concernant la stratégie de leur entreprise

le 06/01/2014 à 12:11
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Euh... sauf que c'est un mea culpa qu'il aurait déjà pu faire il y a 5 ou 6 ans (pour rappel, Google a fait 2 tentatives, de création d'un service "facebook killer" qui se sont soldées toutes 2 par un cuisant échec. Reconnaitre son erreur aujourd'hui...

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