Pas de rachat de Bouygues Telecom : le PDG d’Orange s’explique

Par Delphine Cuny  |   |  435  mots
« Les demandes de Bouygues étaient trop élevées et Iliad ne voulait pas aller suffisamment loin dans sa participation à une opération » confie Stéphane Richard.
Stéphane Richard, le PDG du groupe, a confié ce mercredi matin en exclusivité à La Tribune les raisons de l’abandon des discussions en vue d’un éventuel rapprochement avec Bouygues Telecom : un désaccord sur le prix et le faible engagement de Free.

Pourquoi Orange a-t-il refermé le dossier Bouygues Telecom ? L'opérateur a en effet annoncé ce mercredi matin dans un communiqué qu'après avoir « exploré les possibilités de participer à une opération de consolidation du marché français des télécoms », sa direction juge que « les conditions que le groupe avait fixées ne sont pas réunies aujourd'hui pour y donner suite. » Le PDG Stéphane Richard a confié ce mercredi matin en exclusivité à « La Tribune » les raisons de l'abandon des discussions.

« L'opération n'était pas évidente : elle devait concilier le passage devant l'Autorité de la Concurrence, et sans doute la Commission européenne, et créer incontestablement de la valeur pour Orange et ses actionnaires. Il fallait aussi trouver une valorisation correcte pour Bouygues Telecom et nécessairement un partenariat très fort avec Iliad [la maison-mère de Free].

Les conditions n'étaient pas réunies sur ces deux points : les demandes de Bouygues étaient trop élevées et Iliad ne voulait pas aller suffisamment loin dans sa participation à une opération. Nous avions exclu dès le départ qu'Iliad se contente de reprendre uniquement le réseau et les fréquences comme dans l'accord signé avec Bouygues en cas de rachat de SFR. »

La question du prix

Selon des rumeurs de presse, Martin Bouygues espérait en effet un montant de l'ordre de 7,5 à 8 milliards d'euros, soit peu ou prou la valeur brute des actifs corporels et incorporels de sa filiale télécoms, retraitée des dividendes versés au fil des ans. Or la valorisation de Bouygues Telecom par les analystes s'élève au mieux à 6 milliards d'euros. En mars dernier, Bouygues s'était entendu avec Free pour lui vendre son réseau mobile et un portefeuille de fréquences pour 1,8 milliard d'euros s'il réussissait à racheter SFR, finalement raflé par Numericable. Un prix bradé qu'Orange estimait trop bas.

Le dossier Bouygues Telecom est-il définitivement fermé chez Orange ? « Nous nous étions fixés avec Martin Bouygues la fin juin comme délai, car ce n'est jamais bon de laisser planer une incertitude » précise Stéphane Richard. Le PDG du groupe Orange n'exclut pas que le dossier se rouvre « peut-être dans six mois, mais ce ne sera pas à notre initiative. » Il envisage que d'autres parties prenantes s'intéressent au dossier, y compris SFR-Numericable...

Les investisseurs semblent déçus de voir s'éloigner la perspective d'une nouvelle consolidation du secteur, promesse d'apaisement de la guerre des prix. L'action Orange cède près de 4% mercredi après-midi, celle d'Iliad 4% également et le titre Bouygues recule de 2,4%.