Altice/SFR : une semaine en enfer

Par Pierre Manière  |   |  500  mots
Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice (SFR).
Malgré la sortie de Patrick Drahi, ce mardi, qui a martelé que son groupe de télécoms et de médias mettait un terme aux acquisitions pour se concentrer sur son désendettement, le titre s’est de nouveau écroulé de 12% ce vendredi à 8,10 euros. En deux semaines, près de 11 milliards d’euros de capitalisation boursière se sont envolés.

Les marchés ne sont toujours pas rassurés. Loin de là. Ce vendredi à la Bourse d'Amsterdam, Altice a encore une fois essuyé une fronde des investisseurs. Pendant cette séance, le titre a plongé de 12% à 8,10 euros. Au total, depuis lundi, le titre a donc chuté de plus de 21%. Depuis le 2 novembre et la publication de mauvais résultats trimestriels, Altice est dans l'œil du cyclone. Aujourd'hui, sa capitalisation boursière est légèrement en dessous de 11 milliards d'euros, contre près de 22 milliards il y a deux semaines...

Les mesures fortes prises par le groupe n'ont pas permis d'en finir avec sa dégringolade boursière. La première grande décision date du 9 novembre dernier. Suite à une première fronde des marchés, Patrick Drahi a chamboulé la direction du groupe, n'hésitant pas à remercier Michel Combes, jusqu'alors DG d'Altice et Pdg de SFR. Le milliardaire, jusque-là en retrait, est revenu sous le feu des projecteurs en prenant la tête de la présidence du conseil d'administration. En replaçant ses vieux compagnons à des postes clés (Dexter Goei, le patron d'Altice USA, à la direction générale d'Altice, et Armando Pereira, actionnaire historique de la société, à la tête des activités télécoms du groupe), il a capitalisé sur ce « retour à l'organisation d'origine, qui avait permis le succès du groupe Altice », pour rassurer les investisseurs.

« Il n'y aura pas de fusions et acquisitions »

Mieux, quelques jours plus tard, Patrick Drahi et ses lieutenants n'ont pas hésité à faire leur mea culpa. Lors d'une conférence à Barcelone, Dennis Okhuijsen, le directeur financier du groupe, a affirmé que désormais, Altice allait « donner la priorité à la réduction de la dette », notamment concernant sa filiale SFR. « Il n'y aura pas de fusions et acquisitions, nous allons faire un retour à l'essentiel et éviter les dépenses opérationnelles inutiles », a-t-il embrayé selon l'AFP, conscient des craintes liées à la capacité du groupe à s'acquitter de sa dette de plus de 50 milliards d'euros. Lors de cette même conférence, Patrick Drahi a affirmé qu'il allait tout faire pour relancer SFR, dont les fuites de clients à la concurrence constituent la principale inquiétude des analystes et des investisseurs. Il a ainsi avoué « un problème de management » chez l'opérateur au carré rouge. « Nous devons nous concentrer sur tous les petits détails opérationnels importants, a-t-il poursuivi. Nous devons faire en sorte que les clients soient heureux d'être chez nous. »

Patrick Drahi a même reconnu que SFR avait également mal géré ses augmentations de tarifs pendant l'été, créant un mécontentement, et n'avait pas, en outre, vendu ses contenus de façon optimale. Côté objectifs, le fondateur d'Altice a indiqué qu'il visait une stabilisation du chiffre d'affaires l'année prochaine, avant de retrouver le chemin de la croissance et de la rentabilité en 2019. Reste que cet électrochoc n'a, jusqu'à présent, pas permis de calmer les marchés.