Bolloré impose ses vues chez Telecom Italia

Par Pierre Manière  |   |  578  mots
Selon plusieurs observateurs, Vincent Bolloré pourrait jouer de sa participation dans Telecom Italia pour prendre pied au capital d'Orange.
L’homme d’affaires breton, chef de file de Vivendi, a fait échouer une proposition qui aurait dilué sa part dans l’opérateur transalpin, dont il est récemment devenu le premier actionnaire. Le groupe de médias a également réussi à élargir le conseil d’administration, y faisant élire quatre de ses représentants.

Ce mardi, la poigne de fer de Vincent Bolloré, le chef de file de Vivendi, s'est abattue sur Telecom Italia. Au terme d'une assemblée générale extraordinaire et très attendue, le groupe de médias, premier actionnaire de l'opérateur transalpin avec 20,53% des parts, a imposé ses vues sur deux dossiers brûlants.

Primo, Vivendi a fait échouer un projet de conversion d'actions, qui aurait dilué sa participation dans l'opérateur transalpin à 14%. Cette proposition n'a récolté que 62,5% des suffrages, alors qu'elle nécessitait les deux tiers des voix pour être entérinée. Ce feu rouge est la conséquence directe de l'abstention de Vivendi.

Pour mémoire, c'est la direction de Telecom Italia qui avait proposé cette résolution visant à échanger 6 milliards d'actions d'épargne en actions ordinaires. Celle-ci argue que cette mesure aurait renfloué les caisses de l'opérateur à hauteur de 500 millions d'euros, en profitant « des conditions de marché favorables ». Mais elle a surtout été perçue comme une levée de boucliers face à l'offensive de Vivendi à son capital, dont beaucoup s'interrogent sur ses véritables intentions.

Un conseil d'administration élargi

Secundo, Vivendi a réussi à élargir l'actuel conseil d'administration de 13 à 17 membres, pour y placer quatre représentants maison. Cette résolution, déposée par le groupe de médias, a récolté 52,9% des suffrages. Désormais, Vivendi dispose donc des moyens de peser de tout son poids dans les décisions et orientations stratégiques à venir.

Cette victoire de Bolloré ne dissipe pas pour autant les inquiétudes italiennes quant au devenir de son opérateur fétiche, qui attise depuis quelques semaines les convoitises de nombreux acteurs. Fin octobre, Claudio De Vincenti, le secrétaire général du gouvernement transalpin, a donné le ton :

« L'important est qu'il ne soit pas question de spéculations mais d'un plan industriel et d'investissements. »

Or depuis quelques mois, l'opérateur transalpin, qui sera un des fers de lance du vaste plan très haut débit dans le pays (via le déploiement de la fibre optique) a vu monter plusieurs acteurs à son capital. Et la perspective de simples coups financiers - alors que Telecom Italia est présentée comme une pépite sous-cotée par presque tous les analystes -, n'est donc pas à écarter. Parmi les récents investisseurs, on trouve Xavier Niel. Le patron d'Iliad (la maison-mère de Free) dispose d'une option sur plus de 15% du capital de l'opérateur. Sans qu'on sache vraiment, pour l'heure, quelles sont ses intentions. Il y a aussi JPMorgan, déjà au capital avec 4,5% des parts, qui a accru sa participation potentielle à 10,1% la semaine dernière.

Et bien sûr, il y a Vivendi. Le groupe de médias a beau clamer haut et fort qu'il est un « investisseur industriel » et un acteur « engagé sur le long terme », les hypothèses les plus folles circulent sur ses ambitions.

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Certains évoquent le souhait - de longue date - de Bolloré de prendre pied au capital d'Orange, le leader français des télécoms, dont un mariage avec Telecom Italia est régulièrement évoqué. « Orange a pour vocation de consolider le marché européen et l'Italie est une belle opportunité que le groupe connaît. Il est tout à fait envisageable que l'approche pour Telecom Italia se fasse en bonne entente avec Vivendi », précise ainsi une source syndicale à l'AFP.