Ces 300 communes qui n'ont toujours pas de réseau mobile

Par Pierre Manière  |   |  737  mots
S’il est vrai que les Orange, SFR et Bouygues Telecom ont longtemps délaissé la couverture des zones blanches - jugées trop peu rentables -, ils sont néanmoins parfois confrontés à des difficultés et à des réticences locales pour installer des antennes.
D’après les derniers chiffres de l’Arcep, le régulateur des télécoms, l’essentiel de ces centres-bourgs attendent toujours leur pylône pour y déployer des antennes. Et enfin, permettre aux habitants de passer des coups de fil et d’envoyer des SMS avec leur portable.

En 2016, il existe encore un certain nombre de villages où il est impossible d'utiliser son mobile pour passer un coup de fil ou envoyer un texto. D'après les derniers chiffres de l'Arcep, le régulateur des télécoms, c'est le cas dans 309 communes exactement. Dans le cadre du programme « zones blanches - centres-bourgs », les grands opérateurs se sont engagés à couvrir près de 3.600 villages en voix et SMS d'ici à la fin de l'année. Sachant qu'on ne parle même pas, ici, de 3G et d'Internet mobile. Si le gros du travail a été fait, il reste malgré tout des communes très en retard à ce sujet. Parmi les centres-bourgs restants à couvrir, pas moins de 297 sont toujours « en attente d'un pylône public », indique l'Arcep. Or sans cette infrastructure essentielle, impossible de déployer une antenne, indispensable à toute communication radio.

Ces difficultés peuvent surprendre. Au début de l'année, pour accélérer les choses, l'Etat a décidé de mettre plusieurs dizaines de millions d'euros sur la table pour financer des pylônes dans les zones blanches. Auparavant, ils étaient à la seule charge des opérateurs et des collectivités. Or un pylône coûte plus de 100.000 euros, ce qui constitue une sacrée somme pour certains villages aux finances limitées. S'il est vrai que les Orange, SFR et Bouygues Telecom ont longtemps délaissé la couverture des zones blanches - jugées trop peu rentables -, ils sont néanmoins parfois confrontés à des difficultés et à des réticences locales pour installer des antennes.

L'opposition de certains riverains

C'est notamment le cas à Pont d'Ouilly, dans le Calvados. La maire, Maryvonne Guibout, regrette les déboires à répétition qui plombent depuis des années l'arrivée d'une antenne.

« Chez nous, c'est SFR qui doit déployer une antenne [sachant que les autres opérateurs pourront ensuite utiliser cette infrastructure, Ndlr], explique-t-elle. Il y a déjà eu deux projets, mais aucun n'a pu voir le jour à cause de l'opposition d'un riverain. »

Celui-ci ne voulait pas voir fleurir la moindre installation près de chez-lui. Il a donc fallu dénicher un autre emplacement. D'après Maryvonne Guibout, cela n'a pas été chose facile.

« On est dans une vallée, c'est donc difficile de trouver un endroit adéquat, souligne-t-elle. Là, on en a trouvé un plus près du bourg. On espère que ça couvrira la campagne... »

L'absence de réseau freine l'économie

Si tout se déroule comme prévu, elle mise sur l'arrivée d'une antenne « d'ici à la fin décembre ». Chez ses administrés, l'attente est, d'après elle, très grande. « Vous savez, ça fait 15 ans qu'on travaille sur ce projet, insiste Maryvonne Guibout. Il n'y a pas une semaine sans que les gens me demandent où on en est. » Pour cette commune de près de 1.100 habitants, l'absence de couverture mobile constitue un gros handicap. « Pour les hôtels et le commerce, c'est sûr, ça a provoqué des pertes économiques », poursuit la maire.

« A cause de cela, certains touristes préfèrent résider dans les communes aux alentours, là où ils ont du réseau », renchérit-elle. Avant d'évoquer les difficultés des gendarmes et des pompiers à travailler correctement dans le bourg et ses alentours.

A Bellou-le-Trichard, dans l'Orne, c'est d'ailleurs les difficultés du SAMU à secourir à une personne gravement blessée par une machine agricole, qui auraient permis de faire de la couverture mobile une priorité.

« Avant, le conseil municipal était tenu par des bobos-écolos, dézingue Jean-Pierre Deshayes, le maire actuel. Ils ont refusé de signer un permis construire pour un pylône. Depuis deux ans, on a repris le dossier. Mais ça prend du temps. Il faut trouver un terrain propice, que le propriétaire accepte de vendre. Puis, selon l'endroit, qu'EDF pose un transformateur... »

Si le calendrier est respecté, il espère lui-aussi qu'une antenne sera opérationnelle d'ici à la fin de l'année. D'après lui, il s'agit d'un impératif pour redynamiser économiquement le bourg, où résident 240 personnes.

Dans le cadre du plan « zones blanches - centres-bourgs », les opérateurs ont de toute façon jusqu'au 31 décembre pour étendre leur réseau mobile de base aux dernières communes françaises qui n'en ont pas. Mais cette dernière ligne droite semble toutefois semée d'embûches.