Zones blanches : le ras-le-bol des députés

A l’Assemblée nationale, lors d'une audition de Sébastien Soriano, le chef de fil du régulateur des télécoms, des élus ont encore une fois regretté que plusieurs communes ne bénéficient toujours pas de couverture mobile.
Pierre Manière
Pour Martine Lombard, du collège de l'Arcep, la lutte contre la fracture numérique constitue "un chantier absolument essentiel".

Beaucoup s'attendaient à des salves de questions sur l'attribution des nouvelles fréquences 4G aux opérateurs mobiles, qui s'est achevée mardi. Mais ce sont les zones blanches qui ont une fois encore constitué la principale préoccupation des élus. Mercredi, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, était auditionné par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Lors de cette courte séance, pas moins de sept élus de tous bords ont interpellé le chef de file du régulateur des télécoms sur ces zones où en 2015, la couverture mobile n'est toujours pas assurée.

Le socialiste Fabrice Verdier a dégainé le premier. Après avoir rappelé que de nombreuses communes sont toujours dépourvues de toute couverture mobile - 238 selon un récent recensement, sachant qu'un autre, complémentaire, est en cours -, et que 2.200 autres ne disposent pas de 3G, il a indiqué à l'Arcep que « beaucoup de maires s'en plaignent régulièrement ».

« Ils sont victimes d'une véritable inégalité territoriale numérique, et donc économique », a pesté l'élu.

Une « dégradation de la téléphonie mobile » ?

Même son de cloche pour Franck Reynier (Union des démocrates et indépendants). Pour lui, « l'accès à la téléphonie mobile et à l'Internet sur l'ensemble de notre territoire pose aujourd'hui un vrai problème ».

Idem pour le socialiste Frédéric Barbier. Outre les zones blanches, « il y a, semble-t-il, une dégradation de la téléphonie mobile ». D'après lui, certaines zones autrefois couvertes ne le sont plus.

« C'est le cas dans mon département, le Doubs, assure le député.  Alors qu'en est-il ? Est-ce que les opérateurs ont baissé le niveau ? »

Mais le témoignage le plus poignant et incisif est venu de Marie-Hélène Fabre. L'élue socialiste a mené une charge contre les « zones grises » - où tous les opérateurs ne sont pas présents, et où la couverture s'avère aussi sporadique que médiocre.

« On en parle peu. Mais cela pose de très, très gros problèmes. (La députée enlève ses lunettes et fixe Sébastien Soriano) Le week-end dernier, dans une commune en zone grise de mon département, une personne a été victime d'un AVC. Personne n'a pu joindre les secours. Voilà. Je pense que là-dessus, il y a un travail important à faire. La personne est décédée. »

Réduire la fracture numérique

Conscient du problème, Sébastien Soriano a rappelé l'implication de l'Arcep pour en finir avec les zones blanches et améliorer la couverture mobile. Il a précisé qu'à ce stade, le régulateur se situe dans un rôle d'accompagnement du gouvernement, qui a fait de ce dossier une priorité. Le président de l'Arcep a ainsi souligné que la loi Macron, votée de 6 août dernier, comprend des mesures pour couvrir enfin tout le territoire en 2G et 3G, respectivement avant la fin 2016 et d'ici la mi-2017.

Membre du Collège de l'Arcep, Martine Lombard était présente aux côtés de Sébastien Soriano. Dans le sillage de son président, elle affirme que le régulateur sait à quel point la question de la couverture mobile « est vraiment très sensible ».

« Cela a trait à la fracture numérique du territoire, c'est un chantier absolument essentiel », renchérit-elle.

Mais Martine Lombard le rappelle : l'Arcep n'est qu'un des nombreux acteurs impliqués dans cette croisade pour couvrir correctement tout le territoire. « Pour y remédier, cela implique la collaboration de tous. C'est à dire l'exécutif, le Parlement qui a voté la loi du 6 août 2015, les opérateurs, les collectivités territoriales et aussi le régulateur. » Elle a notamment souligné que la loi va permettre à l'Arcep de sanctionner les opérateurs qui ne respecteraient pas leurs engagements de couverture en 2G et 3G. Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free sont prévenus.

Pierre Manière

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Commentaires 12
à écrit le 01/12/2015 à 16:02
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Ces députés n'ont qu'a s'en prendre qu'à eux mêmes... Ce sont eux qui ont voté la loi de privatisation de France Télécom, en lui faisant "cadeau" de l'infrastructure publique... au mépris de la constitution...

à écrit le 20/11/2015 à 16:55
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D'une part, les opérateurs ont arrêté de remplir leurs obligations comme les lignes fixes auto-alimentées remplacées par des box dont le port RTC est devenu IP, les zones de couvertures lors de l'attribution des fréquences. D'autre part, les opérat...

à écrit le 20/11/2015 à 15:28
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le vrai problème est qu'il y a un régulateur qui n'a plus aucune justification d'existence car il passe son temps à donner des avantages à tel ou tel opérateur (surtout à free), à répartir les parts de marchés de façon mécanique par des règles de dis...

le 30/11/2015 à 11:21
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Le problème vient simplement du fait que l'Etat a privatisé une structure publique, en infraction avec la constitution... FT aurait du être coupée en deux : une partie infra quasi publique et mutualisée, et une autre concurrentielle sur les service...

à écrit le 19/11/2015 à 14:14
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Bonjour, Pourquoi ne pas avoir laissé les communes gérer l'infrastructure et leur permettre de la louer ensuite aux Opérateurs? On serait dans une mutualisation des actifs (gain dans divers domaines) et on ne se poserait plus la question pourquoi...

le 20/11/2015 à 17:06
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pas si simple, car les infras télecom ne sont pas des rails de chemin de fer. Il n'y a pas d'infras dans les telecom mais que des technologies qui se concurrente entre elles, yc entre fixe et mobile. Les fréquences nouvelles induisent des couverture...

le 30/11/2015 à 11:25
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C'est pas complètement vrai... Les Infras ne se concurrencent pas tant que cela en matière de technologie (surtout mobile - WiMax a crevé), puisque les licences sont totalement liées a des normes universelles, preuve en est que votre téléphone iTruc...

à écrit le 19/11/2015 à 12:52
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Ah bah voila on y arrive entre couverture des personnes à 99% et couverture du territoire ah ah ah ah , on a laissé l’état prendre des bénéfices colossaux chez Orange et maintenant on vient pleurer parce qu’il ne couvre pas le territoire. Couverture...

à écrit le 19/11/2015 à 11:19
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autant il est legitime de pouvoir fournir a un certains nombre d endroits une bonne connectivite afin que l activite economique puisse s y developper, autant vouloir 4G et internet partout est du delire (tres couteux !!!) On va mettre des antennes...

le 30/11/2015 à 11:19
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Vous avez raison... supprimons aussi les routes physiques. Après tout, les vieux ne devraient plus avoir de permis de conduire non plus depuis longtemps... Quelqu'un a d'autres idées aussi intelligentes par ici ? :-)

à écrit le 19/11/2015 à 8:14
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Et comment faisions nous avant ?

à écrit le 19/11/2015 à 7:31
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Choisir d'habiter loin de tout, avec des logements peu chers, les joies de la campagne... Et exiger des consommateurs qu'ils financent des antennes , leur connexion au réseau pour un malheureux avc... À croire qu'il n'y a même pas de téléphonie fixe ...

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