Quand Apple recycle les technologies japonaises du début des années 2000

Par Laszlo Perelstein  |   |  504  mots
Le 16 juin 2004, l'opérateur mobile numéro 1 au Japon NTT DoCoMo lance auprès de ses 46,4 millions d'abonnés son service "Osafu-Keitai", littéralement "portefeuille mobile".
En présentant son dernier modèle d'iPhone, la marque à la pomme a mis en avant le système de paiement sans contact, rendu possible par l'implantation d'une puce NFC. Une technologie présente depuis plus d'une décennie au Japon, où elle est très répandue.

C'est peut-être une nouveauté pour Apple, mais pas au Japon. La puce de paiement sans contact NFC (Near field communication, soit "communication en champ proche") qui équipe les iPhone 6 et 6 Plus (sortie prévue le 19 septembre) est présente depuis plus de 10 ans sur la péninsule.

Remplacer le portefeuille par un téléphone

C'est sous le nom FeliCa (mot-valise pour Felicity Card, soit "carte de félicité") que la puce développée par Sony équipe bon nombre de téléphones mobiles. Développée dès 1988, FeliCa se fait connaître en équipant les cartes de transport d'Hong Kong puis les cartes Suica de la compagnie ferroviaire nippone JR East. Ce n'est toutefois que le 16 juin 2004 que l'opérateur mobile numéro un au Japon, NTT DoCoMo, lance auprès de ses 46,4 millions d'abonnés (chiffres au 1er trimestre 2004) son service "Osafu-Keitai" (littéralement "portefeuille mobile") sur les téléphones portables. Nombreuses sont les entreprises à s'y intéresser (Coca-Cola Japan, les cinémas TŌHŌ ou encore Japan Airlines).

"Toutes les cartes de crédit, cartes de fidélité, clés, argent —toutes ces choses dans le sac à main d'une femme ou le porte-feuille d'un homme— devraient aller dans le téléphone", déclarait en 2004 lors d'une interview au magazine du MIT Technology Review, Takeshi Natsuno, alors directeur des services multimédias de l'opérateur NTT DoCoMo.

Le dirigeant, qui voyait le téléphone devenir une "infrastructure de vie" - il a également participé au développement de l'i-mode, un protocole de connexion à Internet depuis les téléphones mobiles de l'époque développé par NTT DoCoMo -, estimait que "le téléphone mobile [allait] remplacer le portefeuille dans cinq ans".

Étendre le succès

Fin 2012, Sony a annoncé avoir livré "605 millions de puces Felica [...], incorporées dans 403 millions de cartes et 202 millions de téléphones". À ce jour, le chiffre dépasserait les 700 millions mais le problème "est que l'on n'a pas étendu ce concept au reste du monde", souligne à l'AFP Takeshi Natsuno, devenu professeur à l'Université Keio.

De fait, Sony, qui est également à l'origine de la puce NFC et l'a implantée dans ses smartphones, a commencé à travailler avec le spécialiste de la sécurité numérique Gemalto sur des améliorations pour sa puce FeliCa et a annoncé collaborer avec celui-ci sur une implantation dans des cartes micro-SD. Fort de cette association, Gemalto a également été choisi fin août par NTT DoCoMo pour assurer ses services sans contact NFC.

Dans une interview accordée le 9 septembre, quelques heures avant qu'Apple ne révèle que son iPhone dernier modèle est équipé d'une puce NFC, le PDG de Gemalto, le Français Oliver Piou, déclarait justement à l'agence américaine Bloomberg :

"Si Apple peut aider à convaincre les institutions financières de l'intérêt de la communication en champ proche (NFC), [...] il donne à l'ensemble du système plus de crédibilité —c'est la dernière pièce du puzzle."