Fibre optique : l’inquiétant retard des entreprises françaises

Par Pierre Manière  |   |  525  mots
"Le nombre d’accès en fibre optique représente 7% de l’ensemble des accès souscrits par les entreprises, contre 16% chez les particuliers", souligne l'Arcep dans son étude.
Alors que les abonnements Internet à très haut débit progressent auprès des particuliers, les entreprises peinent à s'y convertir. D’après une étude de l’Arcep, le régulateur des télécoms, seule une très faible proportion d’entre elles bénéficie d’un accès en fibre optique. La faute à des prix trop élevés, qui découragent les TPE et les PME.

C'est un sacré paradoxe. Si en France, avec la montée en puissance du Plan France très haut débit, les particuliers sont chaque mois de plus en plus nombreux à troquer leur vieille connexion ADSL contre un accès bien plus rapide en fibre optique, cette accélération ne concerne pas encore les entreprises. C'est ce que révèle l'Arcep dans une étude publiée ce mardi sur le marché français des télécoms. Le constat du régulateur du secteur est sans appel :

« D'une manière générale, les entreprises sont, en proportion, deux fois moins raccordées en fibre optique que la clientèle résidentielle : le nombre d'accès en fibre optique représente 7% de l'ensemble des accès souscrits par les entreprises, contre 16% chez les particuliers. »

« Il faut se réveiller rapidement »

Et l'Arcep de rappeler, une fois encore, que si le très haut débit est répandu dans les grands groupes, ce n'est pas le cas des TPE et des PME, pour qui les offres actuelles sont généralement hors de prix. A l'heure où la numérisation des entreprises françaises est devenue un enjeu majeur de compétitivité économique, cette situation inquiète le régulateur. En juin dernier, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, pestait contre la piètre 18ème place de la France dans le classement de la Commission européenne concernant l'utilisation des technologies digitales des entreprises. « Nous sommes à la croisée des chemins, il faut se réveiller rapidement », affirmait-il à La Tribune.

C'est la raison pour laquelle l'Arcep se mobilise pour faire émerger un troisième acteur sur le marché des télécoms d'entreprise, aujourd'hui archi-dominé par Orange (70% de part de marché) et SFR (environ 20%). A ce sujet, le régulateur se garde d'évoquer un nom. Mais c'est bien Kosc Telecom qui a aujourd'hui le profil idéal. Ce nouveau « Free des télécoms professionnelles » dispose d'un réseau national couvrant tout l'Hexagone. Depuis le mois de septembre, il vend de la connectivité en gros à des opérateurs spécialisés dans le marché professionnel. Charge à ces derniers de proposer ensuite leurs offres aux entreprises. Avec des prix meilleur marché, Kosc Telecom estime avoir les armes pour, in fine, convaincre les TPE et les PME de passer au très haut débit.

Cette offensive pourrait donner un grand coup de pied dans la fourmilière des télécoms professionnelles. Or le secteur attise les convoitises. Peu médiatisé et parfois considéré comme secondaire par rapport aux télécoms grand public, il représente pourtant, d'après l'Arcep, près du tiers des revenus des opérateurs français, soit 9,7 milliards d'euros en 2015 !

Même si, à l'instar du marché global des télécommunications, ses recettes s'affichent en baisse depuis plusieurs années, de l'ordre de 4% par an depuis 2010.