[Article publié le jeudi 22 février à 7h37, mis à jour à 16h36]Wall street en feu. A l'ouverture de la Bourse de New york, ce jeudi, le cours du géant des puces électroniques Nvidia s'est envolé de 15,4% vers 16h30 heure français.
Et pour cause, avec 22 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 12,3 milliards de bénéfice net entre novembre et janvier, Nvidia a pris de court experts et analystes qui n'avaient pas anticipé une telle performance. En tout, sur l'ensemble de son exercice annuel qui s'est terminé fin janvier, le groupe basé à Santa Clara, en Californie, a réalisé près de 61 milliards de dollars de revenus et a multiplié par six ses profits, à près de 30 milliards.
Des résultats portés par l'engouement pour l'IA
Le géant des puces électroniques dédiées à l'intelligence artificielle (IA) a surfé sur l'engouement pour cette technologie pendant l'année écoulée et l'intérêt pour ces composants électroniques ne faiblit pas. Nvidia table sur 24 milliards de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours.
« La nouvelle génération de l'informatique et l'IA générative sont à un tournant. La demande explose dans le monde entier, de la part des entreprises, des industries et des nations », a déclaré Jensen Huang, fondateur et patron de Nvidia, cité mercredi dans le communiqué de résultats.
Inconnue du grand public il y a encore un an, l'entreprise américaine est devenue l'une des principales capitalisations au monde en fabriquant des cartes graphiques. Ces processeurs, initialement utilisés pour les jeux vidéo, sont devenus indispensables aux développeurs de modèles d'intelligence artificielle générative (OpenAI, Meta, Google...) car ils offrent la puissance de calcul nécessaire pour traiter des quantités massives de données. Les cartes graphiques de Nvidia alimentent les serveurs dans les centres de traitement de données, secteur devenu le principal client du groupe. Ces cartes graphiques valent aujourd'hui plusieurs dizaines de milliers de dollars pièce.
Wall Street impressionné, « la fête de l'IA ne fait que commencer »
Le titre de Nvidia bondissait mercredi de plus de 9% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. Celle de Tokyo grimpait quant à elle nettement jeudi en début de séance et son indice Nikkei se retrouvait ainsi de nouveau proche de ses records historiques datant de 1989. Les Bourses chinoises ouvraient aussi en hausse.
« Nvidia reste le seul acteur capable de produire les GPU qui alimentent la révolution de l'IA », a rappelé Dan Ives, analyste de Wedbush, mercredi. « La révolution de l'IA a commencé avec Nvidia et, selon nous, la fête de l'IA ne fait que commencer ». L'année 2023 a selon lui marqué « le début de la plus grande transformation technologique depuis les premiers jours de l'internet en 1995 ».
La demande pour ses composants est telle que la société doit arbitrer entre ses clients, souvent concurrents. « Nous faisons de notre mieux pour allouer équitablement et éviter d'allouer inutilement » quand un centre de données n'est pas encore prêt, a expliqué le dirigeant américano-taïwanais. Seule ombre au tableau pour le groupe: les restrictions à l'exportation vers la Chine imposées par le gouvernement américain. « Nous avons dû marquer une pause sur ce marché, pour reconfigurer nos produits afin qu'ils ne puissent absolument pas être piratés », a reconnu l'ingénieur. « Nos affaires en ont pâti, mais après le trimestre en cours nous espérons bien pouvoir y retourner. »
Au Japon, la première usine japonaise du géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC, dont le coût est évalué à 8 milliards d'euros, sera inaugurée samedi à Kikuyo, une petite ville du département de Kumamoto, dans le sud-ouest de l'archipel. C'est l'un des piliers de l'ambitieux plan du pays qui cherche à revitaliser son industrie des semi-conducteurs, en injectant l'équivalent de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le secteur. Le Japon a subventionné l'usine de TSMA à hauteur de 40%. L'usine de Kumamoto est l'un des plus importants investissements industriels à l'étranger de TSMC, souligne Chris Miller, professeur à l'université Tufts près de Boston et auteur en 2022 de « Chip War », un livre remarqué sur la compétition dans les puces électroniques que se livrent désormais l'Asie, les Etats-Unis et l'Europe. Cette usine « va aussi consolider la relation politique entre Taïwan et le Japon, à un moment où Taïwan cherche à s'assurer qu'il a des alliés puissants pouvant l'aider à résister à la pression chinoise », ajoute l'expert, interrogé par l'AFP. Avec des groupes comme Toshiba et NEC, le Japon dominait le marché mondial des micro-puces dans les années 1980. Mais son importance dans ce domaine a ensuite fondu devant la concurrence taïwanaise et sud-coréenne : le Japon n'a plus que 10% de parts de marché dans ce secteur, contre plus de 50% à sa grande époque. Le gouvernement nippon prévoit d'investir jusqu'à 4.000 milliards de yens (environ 25 milliards d'euros) sur trois ans, dans le but de tripler les ventes de puces « made in Japan » d'ici 2030, à plus de 15.000 milliards de yens (plus de 90 milliards d'euros au cours actuel) par an.Face à la menace chinoise, le Japon subventionne l'industrie des semi-conducteurs
(Avec AFP)