Corinne Colson Lafon, le management pour l’humain

Par Lysiane J. Baudu  |   |  426  mots
Fille de la campagne, elle connaît la valeur du travail, mais aussi celle de l’écoute, pour gérer ses équipes avec l’intelligence du coeur.

Après « trois ans de bagne » et une carrière déjà bien remplie, être chef d'entreprise ne l'effraie pas. « Le bagne » auquel fait référence Corinne Colson Lafon, présidente de Steam'O, une société d'exploitation immobilière, ce sont ses prépas - que cette fille d'agriculteurs de l'Yonne a trouvées... « dans les Pages jaunes » -, puis Centrale Paris.

De 6 heures du matin à minuit, elle étudie - pendant trois ans. Bourreau de travail, certes, mais aussi fan, et femme, de « la vraie vie ».

« J'ai eu la chance d'avoir des mentors », dit-elle.

Un prof qui a cru en cette bonne élève, un patron, à Gaz de France, où elle a commencé sa carrière, qui a accepté que l'entreprise finance son MBA, à Carnegie Mellon, en Pennsylvanie. C'est à son retour qu'elle se frotte au terrain, dirige des hommes deux fois plus âgés qu'elle et s'impose auprès des syndicats.

Un apprentissage au cours duquel ses qualités personnelles - humilité, authenticité, sens pratique - font merveille. Pour mieux réussir encore, elle se forme au coaching.

« J'adore développer les gens », sourit-elle.

Puis le temps est venu de développer son entreprise, puisque les enjeux de pouvoir la minent. Elle lance donc Steam'O en 2008. Stratégie et performance, certes, mais aussi, et peut-être surtout, gestion humaine.

« Je ne sais pas s'il y a des valeurs de management féminines, confie-t-elle, à part peut-être la capacité à gérer les contraintes, professionnelles et personnelles. »

Son équipe compte déjà une centaine de personnes, mais Corinne Colson Lafon sait tout de ses salariés : qui a un enfant en bas âge, un problème d'argent, un grief vis-à-vis de l'encadrement. Et elle agit en conséquence, tout en s'interdisant de juger.

« Je prends du temps pour expliquer, écouter les gens devant un café, explique-t-elle. Un jour, j'ai même amené mon fils bébé au comité de direction. »

Elle a aussi préféré ne pas s'appuyer sur le seul réseau des centraliens pour recruter et a imposé la diversité.

Pas étonnant que cette fan de l'intelligence émotionnelle croie fermement que l'entreprise de demain, celle qui emploiera la génération Y, rétive à la hiérarchie traditionnelle et soucieuse de sens, fera une vraie place à l'humain. La sienne le fait déjà.

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