Corinne Colson Lafon, le management pour l’humain

Fille de la campagne, elle connaît la valeur du travail, mais aussi celle de l’écoute, pour gérer ses équipes avec l’intelligence du coeur.

Après « trois ans de bagne » et une carrière déjà bien remplie, être chef d'entreprise ne l'effraie pas. « Le bagne » auquel fait référence Corinne Colson Lafon, présidente de Steam'O, une société d'exploitation immobilière, ce sont ses prépas - que cette fille d'agriculteurs de l'Yonne a trouvées... « dans les Pages jaunes » -, puis Centrale Paris.

De 6 heures du matin à minuit, elle étudie - pendant trois ans. Bourreau de travail, certes, mais aussi fan, et femme, de « la vraie vie ».

« J'ai eu la chance d'avoir des mentors », dit-elle.

Un prof qui a cru en cette bonne élève, un patron, à Gaz de France, où elle a commencé sa carrière, qui a accepté que l'entreprise finance son MBA, à Carnegie Mellon, en Pennsylvanie. C'est à son retour qu'elle se frotte au terrain, dirige des hommes deux fois plus âgés qu'elle et s'impose auprès des syndicats.

Un apprentissage au cours duquel ses qualités personnelles - humilité, authenticité, sens pratique - font merveille. Pour mieux réussir encore, elle se forme au coaching.

« J'adore développer les gens », sourit-elle.

Puis le temps est venu de développer son entreprise, puisque les enjeux de pouvoir la minent. Elle lance donc Steam'O en 2008. Stratégie et performance, certes, mais aussi, et peut-être surtout, gestion humaine.

« Je ne sais pas s'il y a des valeurs de management féminines, confie-t-elle, à part peut-être la capacité à gérer les contraintes, professionnelles et personnelles. »

Son équipe compte déjà une centaine de personnes, mais Corinne Colson Lafon sait tout de ses salariés : qui a un enfant en bas âge, un problème d'argent, un grief vis-à-vis de l'encadrement. Et elle agit en conséquence, tout en s'interdisant de juger.

« Je prends du temps pour expliquer, écouter les gens devant un café, explique-t-elle. Un jour, j'ai même amené mon fils bébé au comité de direction. »

Elle a aussi préféré ne pas s'appuyer sur le seul réseau des centraliens pour recruter et a imposé la diversité.

Pas étonnant que cette fan de l'intelligence émotionnelle croie fermement que l'entreprise de demain, celle qui emploiera la génération Y, rétive à la hiérarchie traditionnelle et soucieuse de sens, fera une vraie place à l'humain. La sienne le fait déjà.

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Portraits :

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