Uber : Macron a "raison" de considérer les plateformes comme une opportunité

Par Mounia Van de Casteele  |   |  688  mots
Dans son livre "de précieux intermédiaires", David Evans explique pourquoi les plateformes de type Uber sont créatrices de valeur. Selon lui, elles doivent être perçues comme des opportunités de lutte contre le chômage, comme le pense le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron.
Le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron (En Marche!) a "raison" de considérer les plateformes numériques de type Uber comme une opportunité pour les sans-emplois, même s'il doit faire attention aux "bouleversements sociaux" qu'elles engendrent, a estimé le professeur et spécialiste américain David Evans.

"Macron a raison", a dit à l'AFP David Evans, de l'University College of London, auteur avec son collègue du MIT (Massachusetts Institute of Technology) Richard Schmalensee, du livre "De précieux intermédiaires", publié cette semaine en français aux éditions Odile Jacob, dont la préface est signée par le prix Nobel d'Economie français Jean Tirole. Comme l'affirme le candidat, "ces plateformes multifaces constituent une opportunité (...) pour les gens qui n'ont pas de travail ou des emplois mal payés ou qui restent à la maison sans trouver d'emploi ou sans pouvoir nourrir la famille", a expliqué le professeur, qui conseille nombre de ces sociétés.

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"Pour eux, ces intermédiaires sont une bonne chose et cela devrait être encouragé", a-t-il ajouté. Mais il a mis en garde contre les "bouleversements sociaux" que peuvent engendrer ce genre d'intermédiaires, citant l'exemple des chauffeurs de taxis concurrencés par Uber. "Il y a des gagnants et des perdants", a-t-il reconnu, rappelant que beaucoup de gens mis en concurrence par ces plateformes aux Etats-Unis "ont exprimé leur colère dans les urnes" lors des élections présidentielles de novembre dernier, contribuant à la victoire du républicain Donald Trump.

Fake news

Lors de cette campagne, les plateformes comme Facebook ou Twitter ont en outre été sévèrement pointées du doigt pour avoir été utilisées pour la diffusion de "fausses informations" sur les réseaux sociaux. "Facebook a des difficultés à faire face à l'émergence de la mauvaise utilisation de son réseau", a affirmé David Evans, rappelant aussi les problèmes de la diffusion en direct sur ce réseau de meurtres ou de suicides.

Un problème de confiance que le Français Frédéric Mazzella, cofondateur de la plateforme de covoiturage Blablacar a su éviter, selon lui. "Il a été brillant, surtout du point de vue de la confiance. Il a su la créer au sein de la communauté d'utilisateurs", a-t-il assuré. Notons d'ailleurs à ce sujet, que selon une étude réalisée par Blablacar, le covoiturage ouvrirait aux autres plateformes de l'économie collaborative. Outre le fait qu'un covoitureur fait plus confiance à un autre covoitureur qu'à un collègue de bureau ou un voisin, cette enquête montre que les covoitureurs seraient ainsi jusqu'à trois fois plus susceptibles de se livrer à d'autres activités de l'économie du partage, que ceux qui n'ont jamais utilisé de plateforme de covoiturage comme Blablacar ou Gomore.

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De son côté, Facebook a annoncé jeudi qu'il renforçait sa sécurité pour contrer les efforts de gouvernements et d'autres acteurs organisés pour répandre de fausses informations ou manipuler les discussions sur sa plateforme pour des raisons politiques.

Peu d'élus

Reste que parmi la multitude de plateformes qui fleurissent chaque jour - dont on dit qu'elles "uberisent un secteur", sourit David Evans - "la plupart vont échouer". C'est inévitable, selon lui. Il explique ainsi à La Tribune que son livre a vocation à éclairer "les entrepreneurs qui veulent se lancer dans le business, afin de comprendre la concurrence de ce nouveau marché, mais également aux acteurs traditionnels qui pourraient se sentir perdus dans ce nouvel environnement". Il ne s'agit donc pas de "donner une recette miracle ou infaillible, mais de montrer que ce modèle économique peut fonctionner, en soulignant que c'est difficile", poursuit-il.

Un message qui semble aller dans le sens de celui de Gaetan de Sainte-Marie, qui explique dans son livre "Ensemble, on va plus loin", que "les entrepreneurs sont des héros". Il explique ainsi qu'il faut favoriser l'expérimentation et dédramatiser l'échec: "Sauf à avoir une chance incroyable, un business model ne se trouve pas en un claquement de doigts. C'est un changement de culture phénoménal que de comprendre que l'on ne peut pas trouver d'emblée le modèle idéal". Et de ce point de vue, il semble que la licorne française Blablacar en soit une parfaite illustration.