AMY, pour veiller sur vous dans la rue

Par La Tribune Partenaire  |   |  615  mots
(Crédits : DR)
Lauréate de l'appel à innovations mobilités « Jeux olympiques et paralympiques 2024 », la solution d'alerte sur smartphone vise à protéger tous ceux qui sont distraits en ville. A la mi-mars, une première ligne de bus parisienne sera équipée de boitiers émetteurs d'ultrasons permettant d'envoyer une alerte de danger directement sur le smartphone grâce à l'appli.

Alors qu'il était responsable de l'accidentologie pour les tramways à la RATP, Benjamin Charles constatait, il y a quatre ans, une tendance alarmante : de plus en plus d'accidents impliquant des piétons. « Les conducteurs font le maximum, mais les piétons sont de plus en plus distraits par leur smartphone et les campagnes de communication en matière de prudence et de vigilance ne suffisent pas », explique-t-il. Pas question d'en rester là. « Il fallait faire quelque chose d'innovant pour la sécurité », enchaîne-t-il.

Intrapreneuriat

Il a donc profité de la possibilité offerte par la RATP de créer une structure en intrapreneuriat pour se lancer. Puisque les piétons ne cessent de regarder leur smartphone ou d'écouter de la musique, il fallait développer un appli donnant une alerte de danger, visuelle et sonore, pour les prévenir qu'un véhicule, un bus ou un tramway étaient dans les parages. Avec l'aide de la start-up CopSonic, basée à Montauban et spécialisée dans les ultrasons, AMY - pour Always Mind Yourself : « Faites toujours attention à vous » - était lancée. La solution est désormais industrialisée. Sous la forme d'une appli, à télécharger dans un smartphone, associée à un boitier émetteur d'ultrasons produit par Okeenea, entreprise lyonnaise leader dans les dispositifs visant à favoriser l'accessibilité. Le boitier jaune émet automatiquement des ultrasons - « une vieille technologie », s'amuse Benjamin Charles - quand le feu piéton passe au rouge, afin de faire remonter une alerte directement sur le smartphone du piéton distrait. Les premières expérimentations, à Vincennes, St Quentin en Yvelines, Champigny-sur-Marne, Vélizy-Villacoublay... ont déjà eu lieu. Les premiers retours ont été très positifs.

« Et les voitures électriques, toujours plus nombreuses, sont beaucoup plus silencieuses », ajoute Benjamin Charles. La sécurité va donc être un enjeu de plus en plus prégnant. Mais un boitier aux passages piétons ne règle pas tout, « puisque certains piétons traversent en dehors des clous... », poursuit-il. Il faut donc aussi équiper les bus et les tramways eux-mêmes de ce genre de boitier. Dans ce cas, dès que le conducteur de bus ou de tram utilise son avertisseur sonore, un système d'ultrasons va permettre de lancer une alerte sur le smartphone du piéton distrait.

A la mi-mars de cette année, la première ligne de bus équipée, la 39, qui coupe Paris en diagonale pour rejoindre la gare de l'Est depuis Balard en traversant toute la ville, va être inaugurée lors d'une cérémonie à Palais Royal, « en invitant la Mairie de Paris et les directeurs des lycées et collèges alentours », précise Benjamin Charles. Car les jeunes sont particulièrement vulnérables... Des essais auront également lieu dans les tramways, une fois les aspects réglementaires dépassés.

Enjeux JOP 24

Evidemment, la ville de Paris et la Région Ile-de-France, qui accueillent une grande partie des compétitions olympiques et paralympiques en 2024, sont intéressées. « Les étrangers qui consulteront leur smartphone pour trouver leur chemin seront encore plus nombreux et les risques d'autant plus grands. Nous projetons d'abord d'équiper les passages piétons aux abords des stades », indique l'innovateur. Et bien sûr, AMY est susceptible d'être déployé un peu partout en France et dans le monde. « Nous avons déjà des contacts avec Montréal et Bruxelles, deux villes qui attendent le résultat de la première expérimentation sur la ligne 39, à Paris », précise Benjamin Charles. Et l'intrapreneur envisage déjà un marché gigantesque, notamment en Corée du sud, « ultra-connecté ». « Mais notre but n'est pas l'argent, c'est, avant tout, de sauver des vies », conclut-il.