Sigfox vise le Nasdaq dès 2016

Par Delphine Cuny  |   |  506  mots
Sigfox permet de connecter un compteur d'eau ou d'électricité, en y ajoutant un petit modem qui n'émet qu'en cas d'incident, et consomme ainsi peu d'énergie.
Selon Ludovic Le Moan et Anne Lauvergeon, leur récente levée de fonds de 81 millions d'euros pour Sigfox permettra à l'entreprise d'accélérer son développement international, en particulier aux États-Unis, marché incontournable dans les objets connectés. L'ambition de la start-up est de devenir un opérateur mondial.

Les opérateurs télécoms aideront Sigfox à déployer son réseau dans les pays où ils sont présents et seront rémunérés sur les abonnements en fonction d'accords de partage des revenus. La solution de la start-up entre en concurrence avec leurs propres offres aux entreprises de machine-to-machine, les cartes SIM embarquées (dans les voitures, dans les GPS, dans les compteurs, etc.).

"Les Gafa n'ont pas encore compris l'Internet des objets"

L'opérateur français Orange ne fait pas partie du tour de table : début janvier, le PDG Stéphane Richard avait déclaré que « le réseau bas débit alternatif, technologiquement intéressant, de Sigfox, n'apparaît pas nécessaire à court terme». Chez Sigfox, on se dit convaincu que l'opérateur français sera « obligé de bouger».

«Après avoir créé le secteur de la connectivité dite longue distance et basse consommation, Sigfox est devenu en trois ans le leader mondial de la connectivité consacrée à l'Internet des objets. Cette levée de fonds salue notre parcours et met en lumière le potentiel de Sigfox dans la course à venir pour le standard mondial de la connectivité par messages courts», estime Ludovic Le Moan.

Sigfox déploie un réseau à bas débit sans fil dans une bande étroite de fréquence, dans les 868 Mhz, comme les télécommandes de portail, par exemple, qui ne nécessitent pas de licence ni d'autorisation d'installation d'antennes. Pour connecter un objet tel qu'un compteur d'eau ou d'électricité, il suffit d'y ajouter un petit modem qui n'émet qu'en cas d'incident, et consomme ainsi peu d'énergie.

« Les géants américains tels que Apple, Google et Amazon n'ont pas encore compris l'Internet des objets, ils ne regardent pas au-delà du wi-fi ou du Bluetooth, ne pensent qu'à la maison connectée. C'est une erreur, car le wi-fi consomme beaucoup d'énergie», considère le DG de Sigfox.

Dans les pas de Criteo au Nasdaq

L'entreprise, qui emploie 80 personnes, ne communique pas ses chiffres financiers. Elle affirme connecter déjà entre 300.000 et 400.000 objets et que son carnet de commandes dépasse 5 millions d'objets. Sigfox facture un abonnement annuel en fonction du nombre d'objets, sachant qu'un million d'objets connectés rapporte environ 1 million d'euros. Il espère en connecter une centaine de millions d'ici à 2020.

« Notre chiffre d'affaires est plus à venir qu'existant», reconnaît Anne Lauvergeon.

Sigfox vise une introduction en Bourse probablement l'année prochaine, sans doute au Nasdaq.

« Si on veut être mondial, il est difficile de se passer des États-Unis. Mais nous voulons décorréler le commercial du financier, nous n'avons pas encore décidé pour l'IPO», indique Ludovic Le Moan.

Interrogé sur la valorisation espérée, il a confié « Criteo est un très beau modèle. On espère s'en approcher ou le dépasser», sachant que la société de reciblage publicitaire avait levé 250 millions de dollars sur la base d'une valorisation de 1,7 milliard à l'automne 2013.

« À chaque jour suffit sa peine !», commente Anne Lauvergeon.