Les entreprises peinent encore à tirer profit du cloud

Par Pierre Manière  |   |  557  mots
Si le cloud fait beaucoup parler de lui, son « adoption est loin d’être une réalité », explique Christophe Labro, directeur des services cloud de Cisco France.
D’après une étude mondiale du cabinet IDC pour Cisco, le géant américain des équipements de réseau, 32 % des entreprises n’ont pour l’heure aucune stratégie liée à l’informatique dématérialisée.

Dans un monde numérique où tout va de plus en plus vite, l'adoption du cloud (pour « nuage », c'est-à-dire l'informatique dématérialisée) constitue un étalon de choix pour jauger de la digitalisation et, d'une certaine manière, de l'« agilité » des entreprises. Contraintes de travailler plus vite, de briser les silos entre les différents services, afin, entre autre, de dégainer leurs produits plus rapidement, les entreprises adoptent souvent le cloud pour accélérer leurs processus. Pour rappel, ce type de service permet à l'utilisateur d'avoir accès à ses ressources (ses fichiers, mais aussi ses logiciels) à partir de serveurs distants, localisés dans des datacenters. En clair, plus besoin d'installer un logiciel sur son ordinateur : il suffit de se connecter au « nuage » via Internet pour y accéder, et travailler ses fichiers.

Reste que si de nombreuses entreprises affirment être intéressées par ce type de solution, 32% d'entre-elles n'ont pour l'heure aucune stratégie en la matière. C'est ce que révèle une étude du cabinet IDC pour Cisco, le géant américain des équipements de réseau, dans une enquête mondiale menée auprès d'un panel de plus de 3.600 dirigeants de pôles informatiques :

En outre, l'adoption de cette technologie demeure plutôt faiblarde. De fait, 43% des sociétés interrogées affichent des stratégies cloud « ad hoc » ou « opportuniste ». Ce qui signifie, en clair, qu'elles sont soit en phase de test ou d'expérimentation sur différents processus. Seules un quart d'entre elles ont mis en place des stratégies « reproductible », « gérées » ou « optimisées », offrant des usages plus poussés et innovants sur le partage et l'utilisation des ressources numériques dans l'entreprise.

Directeur des services cloud de Cisco France, Christophe Labro résume la situation : si le cloud fait beaucoup parler de lui, son « adoption est loin d'être une réalité ». « Beaucoup l'utilisent de façon plus ou moins ponctuelle, renchérit-il. La maîtrise de la technologie est parfois insuffisante, et un grand nombre d'entreprises n'en tirent pas de gros bénéfices. » Constat lapidaire. Mais d'après lui, les choses évoluent. « Si une première vague d'entreprises est venue au cloud pour faire des économies et bénéficier d'applications nouvelles, une seconde vague arrive », assure-t-il. A l'en croire, l'initiative ne vient plus des services IT, mais des directions générales des entreprises. « Longtemps, on a cru que c'était une affaire d'informaticien, alors que maintenant, ce sont les autres métiers d'une entreprise qui insistent pour bénéficier de ces outils. »

Amélioration du chiffre d'affaires

D'après lui, les entreprises seraient davantage conscientes de l'impératif de se digitaliser pour améliorer leurs manières de travailler, mais aussi faire face aux demandes de leurs clients. Christophe Labro prend l'exemple d'une banque qui mettrait deux mois pour développer, tester et lancer une nouvelle appli smartphone en passant par des services cloud, contre six mois sans recourir à cette technologie.

De quoi améliorer les finances des entreprises, assure IDC. Dans son étude, le cabinet juge qu'« une adoption plus poussée du cloud apporte des bénéfices qui se traduisent pas des millions de dollars ». Concrètement, le bénéfice par application s'élèverait jusqu'à 1,6 millions de dollars par an.