France Télévisions : le rapport cinglant de la Cour des comptes

Par latribune.fr  |   |  554  mots
Faute de hausse des dotations publiques, la "seule issue" à cette "impasse financière" est "une réduction significative des charges" avec "des actions nettement plus vigoureuses que celles entreprises jusqu'à présent".
Le pilotage économique de l'entreprise, détenue à 100% par l'Etat, se limite à l'exercice en cours et ne permet pas définir une stratégie de moyen terme, selon la Cour des comptes. Les magistrats suggèrent une vingtaine de réformes pour France Télévisions, qui doit selon eux supprimer des effectifs permanents.

Objectifs non atteints, adaptation trop lente,  des coûts bien trop importants. Dans un rapport cinglant, la Cour des comptes dresse un bilan à sens unique de France Télévisions entre 2009 et 2015. "Au regard de la dégradation inquiétante de sa situation financière, la maîtrise des dépenses est impérative", juge la Cour dans un communiqué joint à son rapport intitulé "Mieux gérer l'entreprise, accélérer les réformes".

Absence de stratégie à moyen terme

Selon la Cour, le pilotage économique de l'entreprise, détenue à 100% par l'Etat, se limite à l'exercice en cours et ne permet pas définir une stratégie de moyen terme. Les magistrats relèvent pour l'exercice 2015 un déficit d'exploitation "très significatif", de 30,1 millions d'euros, signe de "fragilités structurelles majeures".

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Face aux défis stratégiques auxquels ils sont confrontés -entreprise unique, révolution numérique et modèle économique-, "l'entreprise et son actionnaire n'ont apporté au mieux que des réponses partielles, au risque à terme de compromettre la pérennité du service public de l'audiovisuel", écrivent-ils en conclusion du rapport.

Le groupe public est ainsi critiqué sur tous les fronts: mauvaise gestion, réformes trop timides surtout dans les rédactions, achats peu contrôlés, salaires qui dérapent notamment chez les journalistes, chiffrages flous pour la chaîne d'info, pratiques parfois douteuses pour l'achat de programmes, absentéisme, retard dans le numérique....

Des pistes de réformes "plus vigoureuses"

Faute de hausse des dotations publiques, la "seule issue" à cette "impasse financière" est "une réduction significative des charges" avec "des actions nettement plus vigoureuses que celles entreprises jusqu'à présent", recommande la Cour. Les magistrats présentent ainsi 23 pistes, parmi lesquelles la réduction du nombre d'antennes régionales de France 3, la mise à l'étude d'un rapprochement de son réseau régional avec celui des radios France Bleu, la fusion de l'ensemble des rédactions nationales, ou la suppression des bureaux régionaux de France 2.

La Cour exhorte également le groupe, qui compte 9.932 emplois à temps plein dont 2.700 journalistes, à s'engager sur un objectif précis de non remplacement des départs à la retraite d'ici 2020 ou à examiner le contenu réel des postes occupés par les salariés les mieux rémunérés. En six ans, les effectifs n'ont baissé que de 2,7 % et cette baisse est quasi exclusivement portée par  les emplois non permanents (- 15,4%) alors que le nombre de permanents (-0,3%) est resté stable. En outre, les rémunérations de base ont nettement augmenté entre 2013 et 2015. Particulièrement visé, le secteur de l'information, qui employait plus de 2.700 journalistes en 2015 a vu ses effectifs et coûts augmenter pour des résultats contrastés en termes d'audiences, critique la Cour.

Dans une réponse adressée à la Cour, la présidente du groupe dit souscrire "largement" aux préconisations formulées, mais souligne que France Télévisions a vécu ces dernières années des bouleversements, comme la suppression de la publicité en soirée et le renforcement de la concurrence sur la TNT.

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(avec AFP et Reuters)