Nouveaux kiosques parisiens : Hidalgo se défend de vouloir défigurer Paris

Par latribune.fr  |   |  729  mots
D'ici 2019, de nouveaux kiosques "innovants" seront mis en place à Paris, par MediaKiosk une filiale de JC Decaux. La polémique enfle contre ce changement d'un élément du patrimoine historique de la capitale.

Les emblématiques kiosques à journaux parisiens sont-ils menacés ? Un projet de modernisation de ces abris de style Art Nouveau suscite une levée de boucliers dans la capitale française au nom du "charme" d'antan.

La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a justifié dimanche la suppression des emblématiques kiosques à journaux de la capitale, qui suscite des protestations même si selon elle ce ne sont que des "plagiats de kiosques haussmanniens". "Il faut parfois remettre de l'objectivité dans le débat public", a souligné l'édile au "Grand Rendez-vous" iTÉLÉ/Europe 1/Le Monde.

La Ville de Paris veut remplacer d'ici à juin 2019, par un modèle "innovant", ses quelque 360 kiosques dont le célèbre modèle surmonté d'un petit dôme et d'une frise a été conçu en 1857 par l'architecte Gabriel Davioud (1823-1881). Selon Anne Hidalgo, "il n'y a pas de kiosque haussmannien, les kiosques que vous voyez sont des plagiats d'haussmanniens qui sont en plastique, qui ont été installés dans les années 80 et l'autre partie, les espèces de bulles en verre qui sont assez laides et qui ont assez mal vieilli, c'est ça qu'on va changer".

Ce remplacement vise, a-t-elle précisé, à "permettre aux kiosquiers d'avoir un plus grand confort de travail". Des premiers croquis des kiosques redessinés par la designer française Matali Crasset montrent qu'ils conserveront leur couleur verte mais qu'ils perdront leur frise et leur petit dôme caractéristiques. Un éclairage vert ou rouge signalera si le kiosque est ouvert ou fermé et des écrans interactifs seront installés. Il sera aussi chauffé et mieux isolé. Pour les kiosquiers, une caisse informatisée, un espace de rangement des effets personnels, du chauffage et une isolation ont été prévus.

"Ceux qui nous expliquent qu'on est en train d'abîmer Paris, ce sont les mêmes qui veulent qu'on garde les serres de Roland-Garros, des petites serres en plastique, en nous disant qu'on est en train d'abîmer le patrimoine", a-t-elle fustigé. "Je suis très attentive à l'histoire de Paris et la façon dont on fait évoluer" la capitale, a assuré la maire. "Si, à l'époque d'Haussmann, on avait tenu ce raisonnement qui consiste à ne rien changer, le Paris Haussmannien n'aurait pas existé", argumente aussi son adjointe Olivia Polski.

Une pétition pour défendre l'aspect extérieur

La mairie a lancé un appel d'offre remporté par la société MédiaKiosk, filiale du groupe JCDecaux et opérateur actuel des kiosques parisiens. Une pétition contre cet aménagement a reçu plus de 40.000 signatures. Ce design est "sans âme" et "totalement impersonnel", il "porte atteinte à la beauté et à la spécificité de Paris", s'insurgent les détracteurs du projet . "Nous sommes pour que les kiosques à journaux parisiens aient un design qui reprenne ce qui fait tout le charme du "Paris Romantique" cher aux touristes de France et du monde entier", réclament ses signataires.

La modernisation prévue est parfaitement "conciliable" avec le maintien de l'aspect actuel des kiosques, estiment les défenseurs du projet. La ville de Rome installe actuellement de nouveaux kiosques "high tech" qui reprennent, à la demande des élus, le modèle historique octogonal et vert, soulignent-ils.

MediaKiosk doit rendre sa copie lundi lors d'une réunion de travail à la Mairie, en présence de nombreux élus. "Si on trouve que ce qu'ils ont fait est scandaleux, on encouragera le mouvement de protestation", a mis en garde le conseiller d'opposition Jean-Baptiste de Froment (droite).

Lui, comme les détracteurs du projet, ne s'opposent pas aux améliorations intérieures des kiosques mais ont peur de perdre un modèle emblématique du Paris du baron Georges Haussmann, qui a redessiné la capitale française au milieu du 19e siècle.

Pour Michel Carmona, spécialiste du Paris haussmannien, "il y a un paysage typique parisien, qui doit beaucoup à Haussmann et qui est l'un des fonds de commerce de Paris: c'est dommage de le démanteler". Sur le site de la pétition, des signataires français ou étrangers soulignent qu'ils veulent défendre l'aspect extérieur des kiosques et interpellent directement la maire de Paris pointant du doigt son "obsession du béton et du verre" ou sa volonté de "marquer son passage". D'autres dénoncent la gabegie d'un projet "inutile et coûteux" qui dépasse les 50 millions d'euros.