Suppression de la redevance : l'audiovisuel public français se met en grève

Par latribune.fr  |   |  591  mots
En mars dernier, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté d'inscrire dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat la suppression de la redevance audiovisuelle. Une mesure qui inquiète les radios et chaînes de télévision qui craignent pour leur financement, mais aussi pour leur indépendance. Pour protester contre cette décision, ils ont appelé à cesser le travail ce mardi.

C'est l'inquiétude générale à la télévision et radio publiques. En cause, la proposition de campagne d'Emmanuel Macron de supprimer la redevance audiovisuelle dès cet automne. « On supprimera les impôts qui restent, la redevance en fait partie », avait-il déclaré lors d'un échange avec 200 habitants de Poissy dans les Yvelines le 7 mars. Cette mesure figure dans la proposition de loi sur le pouvoir d'achat qui devrait être présentée le 6 juillet en Conseil des ministres.

Proposée en mars dernier pour renforcer le pouvoir d'achat des ménages, elle inquiète grandement du côté de la télévision et de la radio publiques qui considèrent que cela pourrait menacer leur financement et leur indépendance. La redevance télévisée, qui s'élève à 138 euros en métropole et 88 euros outre-mer ne concerne que les foyers qui détiennent un téléviseur. Les autres en sont exemptés même s'ils regardent des programmes sur ordinateur, tablette ou smartphone. Cette ressource est devenue d'autant plus stratégique depuis la suppression de la publicité en soirée puis dans les programmes pour enfants, sur les chaînes du service public.

Risque pour le financement et l'indépendance

Sa suppression entraînera un manque à gagner de plus de 3 milliards d'euros que l'Etat promet de compenser auprès des diffuseurs publics. Une solution que contestent ses opposants jugeant que le budget de l'audiovisuel public « ne peut être décidé par le gouvernement et soumis aux aléas du vote des lois de finances annuelles »« Il doit disposer d'une ressource affectée, garantissant au mieux son indépendance économique et politique tant en termes d'information que de diversité culturelle », plaide un tract syndical. « Supprimer la redevance au nom du pouvoir d'achat menace l'existence de l'audiovisuel public », alertaient les syndicats, la veille, insistant sur le risque de « précariser et paupériser l'audiovisuel public en le basculant sur le budget général de l'Etat, donc aux arbitrages et aux pressions politiques incessantes ».

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Le cas particulier d'Arte, chaîne publique franco-allemande, inquiète particulièrement. Son président, Bruno Patino, a averti, dans un entretien à l'AFP, qu'une baisse des financements français pourrait inciter Berlin à faire de même, mettant en péril l'avenir du média.

Grève et manifestation

Pour protester et défendre l'audiovisuel public, un mouvement de grève s'est organisé ce mardi perturbant les antennes de radio et les chaînes de télévision du service public. Les salariés de France Télévisions et Radio France, mais aussi de France Médias Monde (France 24, RFI, MCD), Arte et l'Ina étaient appelés à cesser le travail ce mardi par une intersyndicale CGT-CFDT-FO-SNJ-SUD-UNSA-CGC-CFTC. Seule de la musique pouvait ainsi être écoutée sur France info, France Inter ou encore France Culture en lieu et place des traditionnelles matinales, tandis que France 2 proposait des rediffusions d'extraits de Télématin. Des bandeaux annonçaient également la perturbation des antennes des chaînes d'info France 24 et franceinfo et du site internet de cette dernière. Un rassemblement est également prévu à midi à Montparnasse à Paris, pour un défilé en direction de l'Assemblée nationale. A Saint-Etienne aussi, près d'une trentaine de salariés en grève de France 3 Loire et de France Bleu Saint-Etienne Loire, soit la quasi-totalité de l'effectif de ces deux locales, ont participé à un rassemblement devant leurs locaux ce mardi matin.

(Avec AFP)