La redevance audiovisuelle va disparaître. C'est du moins ce qu'a indiqué le gouvernement ce mercredi. « La contribution à l'audiovisuel public sera supprimée de manière pérenne dès cette année, et le financement de l'audiovisuel public sera assuré dans le respect de l'objectif à valeur constitutionnelle de pluralisme et d'indépendance des médias », indique l'exécutif dans la retranscription d'une communication de Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, lors du conseil des ministres.
Concrètement, Bercy souhaite entériner cette suppression via le projet de loi de finances rectificative (PLFR), qui sera présenté courant juin, après les élections législatives. C'en sera alors terminé de cette vieille taxe de 138 euros, qui a vu le jour en 1933, et qui est payée par tous les ménages disposant d'un téléviseur. Ce n'est pas une surprise : Emmanuel Macron avait prévenu qu'il comptait torpiller la redevance pendant la campagne présidentielle.
Flou sur le financement de l'audiovisuel public
Il n'empêche que, pour le moment, l'exécutif ne précise pas par quel dispositif cette taxe, qui rapporte plus de 3 milliards d'euros par an, sera remplacée. Or cette manne est indispensable pour l'audiovisuel public. C'est elle qui finance une grande partie du budget de France Télévisions, de Radio France, de l'INA, d'Arte France, de TV5 Monde et de France Médias Monde. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait toutefois émis la possibilité de remplacer la redevance par « un budget avec de la visibilité pluriannuelle », lequel « ne donne pas lieu à la régulation budgétaire dans l'année par le gouvernement ».
Cette dernière remarque a son importance. La suppression de la redevance suscite aujourd'hui des craintes quant à la perte d'indépendance des médias publics vis-à-vis de l'Etat. Cette inquiétude avait, déjà, été balayée par Emmanuel Macron pendant la campagne. Il jugeait, à ce propos, que la redevance ne garantissait de toute façon pas l'indépendance des médias publics, puisque l'Etat complétait toujours leur budget à hauteur de « plusieurs centaines de millions d'euros par an ».
« Une atteinte à l'indépendance des médias »
L'argumentaire ne fait, cependant, guère l'unanimité. L'économiste Julia Cagé, spécialiste des médias, ne cache pas tout le mal qu'elle pense de la suppression de la redevance. Cette initiative n'est, à ses yeux, « qu'une soi-disant mesure de pouvoir d'achat », fusillait-elle sur Twitter en mars dernier. Selon l'économiste, il s'agit plutôt « d'une attaque contre le service public de l'information ». C'est, renchérit-elle, « une atteinte directe à l'indépendance des médias, alors même que l'audiovisuel privé devient plus concentré que jamais avec la fusion TF1/M6 soutenue par l'Elysée ». Les débats concernant cette décision promettent d'être électriques.
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