TF1 porte plainte à Bruxelles pour « aide d'État illégale » en faveur de France Télévisions

Par latribune.fr  |   |  835  mots
Le groupe TF1 a déposé une plainte auprès de la Commission européenne pour « aide d'État illégale » de la France en faveur de France Télévisions.
Le groupe TF1 porte plainte auprès de la Commission européenne pour « aide d'État illégale » de la France à France Télévisions. La plainte dénonce également une « double fraude fiscale ». D'après Le Figaro, le pays a désormais quatre semaines pour répondre.

Le ton monte au sein de l'audiovisuel français. Le groupe TF1 a déposé une plainte auprès de la Commission européenne pour « aide d'État illégale » de la France en faveur de France Télévisions, a-t-il indiqué lundi soir à l'AFP, confirmant une information du Figaro.

« Le droit communautaire protège le financement des services publics, mais la règle est formelle : il faut des obligations clairement définies pour prétendre à ce financement », indiquent Frédéric Mion et Benoît Le Bret, avocats associés au sein du cabinet Gide, en charge du dossier, dans le quotidien.

La suppression de la redevance TV, pour l'heure remplacée par l'affectation d'une fraction de TVA, est au cœur de l'argumentaire de TF1. « Ce changement des modalités de financement décidé par le législateur constitue une nouvelle aide d'État. Elle doit en principe faire l'objet d'une notification auprès de la Commission européenne avant sa mise en œuvre. Dans le cas contraire, elle est illégale », assurent Mes Mion et Le Bret dans le journal.

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« Double fraude fiscale »

La plainte dénonce aussi une « double fraude fiscale ». « Le nouveau mode de financement de France Télévisions l'oblige depuis 2022 à s'acquitter d'une taxe sur les salaires. Taxe que l'État compenserait de manière illégale au regard du droit européen, en augmentant la dotation budgétaire allouée au service public », assure Le Figaro.

Pour les avocats de TF1, le service public a en outre « profité, depuis 1969, d'un régime de TVA très réduit (2,1 % au lieu de 20 %) qui lui a permis d'échapper à la taxe sur les salaires à laquelle il aurait dû être assujetti », poursuit le quotidien.

Selon ce dernier, Bruxelles « vient de notifier la France, qui a quatre semaines pour répondre ». Si la Commission « décide ensuite d'ouvrir une procédure, elle aura dix-huit mois pour l'instruire et rendre ses conclusions », conclut Le Figaro.

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Concurrence déloyale

Ce n'est pas la première fois que les chaînes privées émettent des accusations à l'encontre de France Télévisions. Début mai 2023, l'Association des chaînes privées (ACP), qui réunit TF1, M6, Canal+ et Altice (BFM, RMC), avait interpellé Elisabeth Borne pour accuser France Télévisions de concurrence déloyale. Dans un courrier envoyé à la Première ministre et dévoilé par Le Figaro, elles reprochaient au groupe public une « sous-exposition des œuvres et programmes relevant de ses missions de service public ».

Les chaînes publiques, et « en particulier » France 2, proposent une « programmation étonnamment commerciale » et « des programmes de plus en plus proches de ceux diffusés sur nos antennes », dénonçaient les chaînes privées.

Par ailleurs, ces dernières accusaient France Télévisions de contourner l'interdiction de la publicité après 20h00 grâce au parrainage d'émissions par des marques. Elles estimaient que « 25% du chiffre d'affaires publicitaire de France Télévisions (était) réalisé à ces horaires en principe protégés ».

De vives critiques qui avaient été balayées par la ministre de la Culture d'alors, Rima Abdul Malak. « Quand on regarde les chiffres de l'Arcom (le régulateur de l'audiovisuel, ndlr), on a bien la vision claire que les missions de service public sont remplies, en matière d'information, de création, de documentaires », avait-elle déclaré dans « Télématin » sur France 2, quelques jours après avoir tenu des propos similaires au Festival de Cannes.

Les jeunes de moins en moins devant leur poste de télévision

C'est un constat implacable: les jeunes regardent de moins en moins la télé. Entre 2008 et 2022, sa consommation quotidienne a baissé de 29% chez les 15-49 ans, soulignait mi-septembre Roch-Olivier Maistre, président du régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom. « L'âge moyen des téléspectateurs est passé de 47 à 57 ans sur la même période », avait-il ajouté au Festival de La Rochelle, rendez-vous de rentrée du secteur.

Pour 2023, le temps que les 15-34 ans ont passé chaque jour devant la télé est tombé à 1h17, contre 2h37 en 2013, selon les chiffres dévoilés mardi par Médiamétrie. Chez les 25-49 ans, cible privilégiée des annonceurs publicitaires, plus du tiers des programmes longs regardés aujourd'hui l'est « à la demande », contre 19% en 2019, a également noté le PDG du groupe TF1, Rodolphe Belmer. « Cela va passer à 50% environ en 2027 », et cette « bascule » est même « déjà faite » chez les 15-25 ans, a-t-il relevé.

Autre chiffre frappant, « plus de 50% des foyers français sont désormais abonnés à au moins un service de vidéo à la demande par abonnement », selon Roch-Olivier Maistre. Un changement des usages amplifié par l'essor des Smart TV, téléviseurs directement connectés à internet, qui favorisent la consommation à la demande.

(Avec AFP)