
C'est désormais lui, l'homme fort de TF1. Ce lundi, Rodolphe Belmer est officiellement devenu PDG du champion français du petit écran. Gilles Pélisson, son prédécesseur, lui a comme prévu cédé sa place. En guise de baptême du feu, l'ancien dirigeant emblématique de Canal+ a présenté, ce mardi, sa stratégie lors de la publication des résultats 2022 du groupe. TF1 était, sur ce front, attendu au tournant, d'autant plus après l'épisode de la fusion avortée avec M6.
La ligne de Rodolphe Belmer a, sur le papier du moins, le mérite d'être claire : en parallèle du business de la télévision linéaire traditionnelle - qui a encore, selon lui, de beaux jours devant elle malgré la menace des géants du numérique -, TF1 doit mettre les bouchées doubles dans le streaming gratuit. Et le streaming payant ? Très peu pour lui. En tout cas pas avec TF1. Rodolphe Belmer a d'ailleurs décidé de mettre un terme à Salto. Fondée en 2020 par TF1, M6 et France Télévisions, cette plateforme de vidéo à la demande par abonnement n'a jamais vraiment trouvé son public. Difficile, il est vrai, de faire son nid face aux ogres Netflix, Amazon Prime ou Disney Plus, aux poches bien plus profondes. « Nous en avons tiré les conséquences avec nos coactionnaires », a déclaré Rodolphe Belmer.
Mieux exploiter les « grandes franchises »
Aux yeux du nouveau dirigeant, TF1 dispose d'atouts pour devenir un acteur de premier plan dans le streaming gratuit. Pour ce faire, la filiale du groupe Bouygues doit mieux exploiter, explique-t-il, ses « grandes franchises » sur sa plateforme myTF1. Il cite les séries "HPI" ou "Les Combattantes", ainsi que les émissions de télé-réalité "Star Ac" ou "Koh Lanta", lesquelles réalisent déjà de belles audiences en ligne, notamment auprès des jeunes. Avec ces programmes, TF1 entend prendre sa part « du marché adjacent de la publicité vidéo digitale », affirme Rodolphe Belmer. Celui-ci se développe du fait de la baisse des espaces publicitaires disponibles chez les Gafa, dans le sillage d'une évolution de certaines réglementations, précise le dirigeant. « C'est un gros marché qui pèse 2,5 milliards d'euros, et qui est surtout amené à croître », a-t-il poursuivi.
Cela dit, TF1 part de loin. L'an dernier, la publicité numérique ne lui a rapporté que 128 millions d'euros - contre 1,67 milliard d'euros pour la publicité télévisée. Doper ces revenus, telle est la mission de Rodolphe Belmer. TF1 n'a, de toute façon, pas le choix, au risque de se retrouver sur la touche dans quelques années. Rodolphe Belmer rappelle que « le marché poursuit sa bascule vers la consommation audiovisuelle à la demande, qui deviendra probablement majoritaire à moyen terme ».
Pas de plan social, mais une optimisation des coûts
Sa stratégie présente au moins un avantage pour TF1 : elle ne nécessite pas de chambouler sa ligne éditoriale, ni de casser la tirelire dans les contenus. L'an dernier, le groupe a dépensé près d'un milliard d'euros dans ses programmes. Un niveau que Rodolphe Belmer juge suffisant, et entend ne pas dépasser. En conséquence, TF1 ne lancera pas de grand plan d'économies ou de plan social que certains anticipaient après l'échec du mariage avec M6. Le PDG souhaite cependant « rechercher des pistes d'optimisation des coûts opérationnels pour être plus performant, et investir dans notre expansion digitale ».
De manière générale, Rodolphe Belmer se montre plutôt confiant pour les années à venir. « L'entreprise est en très bonne santé », affirme-t-il. En 2022, TF1 a vu son chiffre d'affaires progresser de 3,3%, à près de 2,1 milliards d'euros. Mais son bénéfice, lui, a fondu de 22%, à 176 millions d'euros.
TF1 « déterminé » à conserver sa fréquence
Alors qu'il vient de prendre les manettes de TF1, Rodolphe Belmer n'a pas le temps de souffler. Il a rendez-vous dès ce mercredi à l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel. Il y sera auditionné dans le cadre de la procédure de renouvellement de la fréquence TNT de la Une. Cette échéance est « très importante », a-t-il indiqué. « Nous nous présentons de façon très sérieuse, avec une grande détermination », a renchéri le dirigeant. Pas question de prendre cette procédure à la légère, alors que Xavier Niel, le milliardaire et fondateur de Free, s'est porté candidat pour une fréquence, même si celle qu'il vise est celle de M6.
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