Patrick Drahi dit adieu à la Belgique et au Luxembourg

Par Pierre Manière  |   |  473  mots
Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice, la maison-mère de SFR en France.
Altice, le groupe de médias et de télécoms du milliardaire franco-israélien, a annoncé jeudi la vente de Coditel Brabant, qui regroupe ses activités télécoms en Belgique et au Luxembourg. Selon les analystes, l’impossibilité de grandir sur ces marchés aurait convaincu l’état-major de la société de jeter l’éponge.

Pour la première fois, Patrick Drahi s'est décidé à vendre un de ses actifs de son propre chef. Ce jeudi, Altice, le groupe de médias et de télécoms du milliardaire franco-israélien a annoncé dans un communiqué la cession de Coditel Brabant, qui regroupe ses activités en Belgique et au Luxembourg - et qu'il avait acquis en 2003 -, à son rival, le câblo-opérateur Telenet. L'opération n'est pas une surprise, puisque Patrick Drahi souhaitait depuis plusieurs mois se séparer de cette filiale. Il n'empêche que l'homme d'affaires, qui a multiplié les grosses emplettes ces trois dernières années (SFR, Portugal Telecom, les câblo-opérateurs Suddenlink et Cablevision aux Etats-Unis...), n'avait jamais, jusqu'alors, cédé une de ses sociétés. A moins d'y être contraint lors de deals importants par les gendarmes de la concurrence.

D'après plusieurs analystes, c'est le rachat de l'opérateur mobile Base par Telenet (Liberty Global), au printemps 2015, qui a sans doute convaincu l'état-major d'Altice de jeter l'éponge. « Altice avait aussi des vues sur Base, parce que cela aurait pu leur permettre de proposer des offres convergentes [mêlant Internet fixe et téléphonie mobile, Ndlr] en Belgique », nous dit l'un d'entre eux.

1,5% de part de marché

L'autre difficulté, elle, se situe sur le marché du câble. Outre Telenet, qui couvre la Flandre, et Coditel, qui n'est présent que sur une partie de Bruxelles et au Grand-Duché, la Belgique compte un autre « câblo » : la société Voo, détenue par l'Etat et plusieurs municipalités, et qui couvre la Wallonie. Or, cette dernière, « globalement mal gérée » selon un analyste, est convoitée depuis longtemps par tous ses rivaux dans l'Internet fixe, y compris Altice. Mais l'Etat s'est jusqu'à présent refusé à la céder, sur fond de rivalités entre plusieurs municipalités.

En clair, faute de pouvoir jouer la carte de la convergence et de grandir dans le câble (avec 110.000 clients, Coditel n'a une part de marché que de 1,5% en Belgique), Patrick Drahi a probablement estimé qu'il valait mieux s'arrêter là. D'autant qu'à ses yeux, les perspectives de croissance se situent aujourd'hui davantage aux Etats-Unis, où il est numéro quatre du câble. C'est la raison, au passage, pour laquelle certains concurrents de SFR en France spéculent sur l'hypothèse d'une vente de l'opérateur au carré rouge pour permettre à Altice de concentrer ses forces au pays de l'Oncle Sam. Même si chez Patrick Drahi, on juge ce scénario « ridicule ». Enfin, la vente de Coditel, valorisée 400 millions d'euros, constitue une rentrée d'argent frais toujours bonne à prendre pour Altice, dont la dette s'élève désormais à 50 milliards d'euros. Contacté par La Tribune, le groupe n'a pas donné suite à nos sollicitations.