À qui Free Mobile a-t-il pris ses 1,5 million d'abonnés ?

Par Delphine Cuny  |   |  652  mots
Le nouvel entrant pourrait ne rien dire de ses recrutements à la publication des résultats annuels jeudi prochain.
Orange, Bouygues Telecom puis SFR aujourd'hui ont indiqué le nombre de clients partis depuis l'arrivée du nouvel opérateur. Le marché se serait aussi agrandi de 500.000 nouvelles lignes, liées à l'offre à 2 euros.

Les trois opérateurs mobiles « historiques » ayant dévoilé l'impact de l'arrivée de Free Mobile sur leur business, il est temps de sortir la calculette pour faire les comptes. Le PDG de France Télécom Orange, Stéphane Richard, qui loue son réseau au nouvel entrant, a lui-même évoqué un chiffre de 1,5 million de clients conquis par Free Mobile à mi-février. Il a aussi indiqué le 22 février que 40% environ des 1,034 million de clients ayant résilié en six semaines étaient partis chez Free, soit de l'ordre de 400.000, le double du solde net reconnu par l'opérateur (201.000). De son côté, Bouygues Telecom a révélé mercredi qu'il avait enregistré au total 525.000 départs et engrangé 360.000 nouveaux clients, en perdant donc au total 159.000 dont 134.000 chez Free.

Ce jeudi matin, SFR a été moins précis : il a indiqué que 208.000 clients l'avaient quitté (en net) à fin février, sans indiquer le nombre de ceux transférés chez Free. Or, comme chez Orange, les ventes brutes de la filiale de Vivendi ont été très bonnes : plusieurs sources évaluent à 300-350.000 le nombre de départs vers Free (cartes prépayées comprises).

Une deuxième carte SIM à 2 euros pour 500.000 clients ? 

Une simple addition aboutit à un total de 835.000 en hypothèse basse. Soit seulement la moitié du nombre de clients supposés de Free - que d'autres sources estiment à près de 2 millions désormais. D'où viennent les autres ? « On peut évaluer à 500.000 environ la croissance du marché, le nombre de clients ayant pris comme deuxième carte SIM l'offre à 2 euros de Free - gratuite pour les abonnés ADSL à la Freebox - juste pour voir » avance un opérateur. Une estimation confirmée par d'autres professionnels du secteur. Le solde viendrait des opérateurs mobiles virtuels, les MVNO, notamment du premier d'entre eux, Virgin Mobile.

Selon nos informations, l'opérateur aurait perdu environ 2% de sa base de quelque 2 millions de clients, soit de l'ordre de 40.000 en deux mois. Un niveau, comme attendu, un peu plus élevé que chez les trois opérateurs de réseau : 0,7% en net et 1,4% en brut chez Orange, environ 1% en net et 1,6% en brut chez SFR, 1,4% en net chez Bouygues Telecom. Les ex-clients Debitel, migrés chez La Poste Mobile, les MVNO des grands distributeurs, seraient aussi particulièrement touchés. Les clients des MVNO sont généralement plus sensibles au prix et en quête de la meilleure affaire du marché.

Une baisse attendue de 25 euros revenu moyen mensuel par abonné

En saura-t-on plus la semaine prochaine ? En effet, Iliad, la maison-mère de Free présentera ses résultats annuels 2011 jeudi prochain, le 8 mars. Mais les dirigeants laissent entendre qu'ils ont « plutôt envie de tenir leur langue » et n'envisagent pas de révéler le nombre de clients mobiles conquis comme il en a le droit, préférant attendre la publication du chiffre d'affaires du premier trimestre en mai, comme l'an dernier après le lancement de la Freebox Révolution.

Plusieurs sources concordantes du secteur signalent que le flux de départs vers Free Mobile s'est nettement tassé ces deux dernières semaines. Le véritable impact ne sera visible qu'au bout de quelques mois. « Ce qui pose vraiment problème, c'est la baisse des prix et de l'ARPU (revenu moyen par abonné) qui vont faire mal, c'est de l'ordre de 25 à 30 euros par mois sur tout notre c?ur de gamme » confie l'un des concurrents de Free. Entre la diminution du prix des offres les plus haut de gamme, donc à forte marge, et la migration des clients vers les gammes low-cost, vendues en ligne et sans engagement comme Sosh, Red et B&You, le manque à gagner sera considérable. Certains analystes anticipent une baisse d'au moins 10% de l'ARPU par an et de 30% sur trois ans, avec une chute du même ordre du chiffre d'affaires des opérateurs.