Effet Free Mobile : explosion des résiliations au premier trimestre

Par Delphine Cuny  |   |  693  mots
Les chiffres du régulateur des télécoms, l'Arcep, l'attestent : le premier trimestre, marqué par l'arrivée du quatrième opérateur mobile, a vu un niveau « exceptionnel » de résiliations (6,9 millions) et de demandes de portabilité. Les MVNO ont perdu en part de marché.

En attendant les chiffres officiels de Free Mobile, que la maison-mère Iliad doit dévoiler d'ici au 15 mai, le dernier observatoire du marché mobile de l'Arcep, le régulateur des télécoms, publié jeudi soir, est éloquent. Le premier trimestre 2012 a vu « un niveau exceptionnel » de résiliations soit 6,9 millions sur un parc de 69,47 millions de cartes SIM en service, soit 10% du marché. On savait que l'afflux de clients vers Free Mobile avait créé des embouteillages au GIE portabilité, on connaît désormais l'ampleur de la vague : il y a eu, au cours du trimestre, 2,6 millions de numéros « portés », c'est-à-dire qui ont pu être conservés par des utilisateurs changeant d'opérateurs, contre 1 million au cours du quatrième trimestre 2011. Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont tous allés chez Free Mobile.

Le nombre de numéros "portés" a atteint un "niveau exceptionnel" au premier trimestre selon l'Arcep.

Le marché des cartes pré-payées concurrencé par l'offre de Free à 2 euros
En effet, comme l'ont souligné les opérateurs historiques, Orange, SFR et Bouygues Telecom, le marché a été très dynamique dans son ensemble ce qui se traduit par un niveau «exceptionnel » également des ventes brutes : 7,8 millions, dont 5,2 millions de forfaits, le double d'un trimestre comparable. En net, la croissance du parc dit « post-payé » (les abonnements, à la différence des cartes rechargeables pré-payées) s'est élevée à 1,62 million, le double du trimestre précédent et quatre fois plus qu'au premier trimestre 2011. A contrario, le marché du pré-payé a souffert, sans doute de l'offre à 2 euros de Free Mobile, et recule de 767.000 cartes, après plus d'un an de retour de la croissance sous l'impulsion des opérateurs mobiles virtuels ethniques. Les MVNO, justement, se confirment comme les victimes du nouvel entrant : leur part de marché, qui avait bondi à 11,43% fin 2011, se dégrade légèrement, à 11,15%, reflétant une perte de 90.000 clients pour l'ensemble de ces acteurs. Mercredi, Virgin Mobile, le premier MVNO avec environ 1,9 million de clients a affirmé avoir retrouvé un niveau d'abonnés comparable à celui de début janvier et ainsi effacé en quatre mois l'impact de l'arrivée de Free.

Pas de détail des parts de marché des opérateurs
Sans préciser les parts de marché de chacun, l'Arcep indique que les quatre opérateurs de réseau métropolitains, Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR, ont, au total, en cumulé, 59,36 millions de clients, soit 943.000 de plus que les trois historiques à fin décembre 2011. Orange a déjà détaillé l'impact sur sa base d'abonnés : 2,3 millions de résiliations, soit 37% des résiliations constatées par l'Arcep sur le trimestre, et 615.000 départs en net. SFR (Vivendi) publiera les siens lundi, Bouygues mardi prochain. Par ailleurs, l'Arcep note que la part des clients abonnés « libres d'engagement », c'est-à-dire pouvant résilier sans frais, a fortement augmenté, passant de 20% à 24,1%. Un niveau qui reflète sans doute le succès des offres sans engagement qui se sont multipliées depuis quelques mois chez Bouygues sous la marque B&You, Sosh chez Orange, Red chez SFR.

Procédure de sanction conrte Free à la demande des MVNO

Par ailleurs, l'Arcep a ouvert une procédure en manquement contre Free Mobile au sujet de ses obligations d'accueil des MVNO, a révélé l'AFP. L'association Alternative Mobile, qui regroupe plusieurs MVNO, avait saisi l'Arcep au sujet des tarifs de gros proposés par Free aux MVNO souhaitant être hébergés sur son réseau qui sont "nettement supérieurs" aux prix de détail pratiqués par Free. L'Arcep a déclaré à l'AFP que cette procédure "est un moyen d''entamer le dialogue avec un opérateur sur un sujet qui pose problème." En effet, Free a obtenu la quatrième licence notamment grâce à une bonne note de son dossier en matière d'engagement d'accueil des MVNO. Pour autant, même si Free abaissait le prix de ces offres de gros, on voit mal un MVNO y souscrire alors que le réseau en propre de Fre Mobile ne couvre que 30% de la population.