Orange ne sera pas coupé en deux

Par Delphine Cuny  |   |  498  mots
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La ministre déléguée au Numérique, Fleur Pellerin, a affirmé qu'il n'y aurait pas de séparation « fonctionnelle », entre les réseaux et les activités commerciales, de l'opérateur historique. Un scénario dont rêvent les concurrents et certains élus locaux.

C?est un serpent de mer. L?idée d?une « séparation fonctionnelle » de France Télécom Orange, qui consisterait à scinder la partie réseaux des activités commerciales, comme RFF et la SNCF pour le chemin de fer, est régulièrement relancée par les opérateurs concurrents. Or mardi soir, lors d?un dîner organisé à l?Assemblée nationale, par le Club parlementaire du numérique, la ministre en charge du secteur, Fleur Pellerin, a clairement écarté ce scénario. « La séparation fonctionnelle de France Telecom ne fait pas partie des options pour le futur plan Très haut débit » a-t-elle déclaré, ajoutant « le président de la République l?a promis et nous tiendrons parole. » Stéphane Richard, le PDG de l?opérateur historique, peut donc respirer : pas d?usine à gaz à mettre en place, doublée d?un casse-tête social sur la répartition des effectifs, dans une entreprise au climat enfin apaisé et dans un contexte concurrentiel nettement durci depuis l?arrivée de Free Mobile. Pendant la campagne présidentielle, une fuite, démentie, avait prêté à François Hollande l?intention de couper en deux Orange.

Fibre de France comme Openreach chez le britannique BT ? 
Autrefois cheval de bataille de Jean-Bernard Lévy, l?ex-président du directoire de Vivendi (la maison-mère de SFR), pourfendeur de la « rente du cuivre » de son concurrent, la séparation fonctionnelle est revenue récemment sous la plume de Martin Bouygues. Dans un courrier envoyé à chaque parlementaire début juillet, le patron de Bouygues se plaignait du déséquilibre du marché mobile causé par l?arrivée du quatrième opérateur, Free Mobile, au détriment de Bouygues Telecom bien sûr, et surtout du contrat d?itinérance que Free a signé avec France Télécom : il demandait aux pouvoirs publics de signifier au plus vite que cet accord ne pouvait être prorogé et surtout étendu à la 4G. Sinon, cette itinérance « devrait alors, par souci de justice, comme dans le secteur du transport ferroviaire, aboutir rapidement à une séparation fonctionnelle entre Orange, entité commerciale, et France Télécom, structure gérant des réseaux d?infrastructures disponibles pour tous les opérateurs. » C?est arrivé à l?opérateur historique britannique BT, avec la création en 2006 d?Openreach, une filiale bien séparée, chargée d'assurer l'accès équitable du réseau fixe de BT à ses concurrents, y compris pour la fibre optique qu?il a commencé à déployer : un monopole régulé qui reste la division contribuant le plus au bénéfice de BT. Certains élus locaux sont favorables à une séparation de France Télécom et rêvent d?une entité « Fibre de France » pour déployer rapidement le très haut débit jusque dans les zones les plus rurales. Mais le schéma n?est donc semble-t-il pas à l?ordre du jour.