Investissements record des opérateurs télécoms malgré (ou à cause de) Free

Par Delphine Cuny  |   |  596  mots
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Plus de 10 milliards d'euros : c'est le plus haut niveau d'investissement depuis la libéralisation du secteur des télécoms, même si l'on exclut l'achat de fréquences. Free se présente comme l'aiguillon du déploiement de la 4G.

« La 3G, c'était une course de lenteur, la 4G c'est une course de vitesse, on a le sentiment d'y être pour quelque chose » avait ironisé le directeur général d'Iliad, la maison-mère de Free, Maxime Lombardini, il y a quelques semaines. Il est vrai que les opérateurs mettent les bouchées doubles, « et même triples » dit le responsable d'un grand réseau. SFR vient d'annoncer qu'il couvrirait « plus de la moitié de la population en 4G » fin 2013. Les chiffres attestent de cette course au déploiement : le régulateur des télécoms, l'Arcep, vient de publier pour la première son observatoire des investissements. Or les opérateurs ont, en cumulé, investi plus de 10 milliards d'euros en 2012, « soit près de deux milliards de plus qu'en 2011 », ce qui constitue « le niveau le plus élevé depuis 1998, date de libéralisation du marché des télécommunications » se réjouit l'Autorité. Son président, Jean-Ludovic Silicani, n'a eu de cesse d'affirmer que le secteur n'allait pas si mal depuis l'arrivée du quatrième opérateur mobile en janvier 2012.

Un record historique, même en excluant l'achat de fréquences 4G
Même si l'on exclut les achats de fréquences, à savoir 2,6 milliards d'euros dépensés pour les fréquences 4G dites « en or », dans la bande 800 Mhz (contre 936 millions en 2011 pour les autres fréquences 4G en bande 2,6 Ghz offrant une moins bonne couverture), « les investissements ont atteint 7,3 milliards d'euros, ce qui constitue, là encore, un record historique » relève l'Arcep. La moitié de ces investissements concerne le haut débit mobile (3G et 4G) : environ 4 milliards d'euros en 2012 contre 2,4 milliards en 2011. Le régulateur ne détaille pas les montants investis par chaque opérateur, préservés par le secret des affaires. Mais il précise qu'il « approfondira, en 2013, son analyse de l'investissement des opérateurs, afin notamment de vérifier le respect de leurs obligations de déploiement.»

Demande des ministres Montebourg et Pellerin
Cet observatoire est une première, à la demande d'Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, et de Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie numérique, en pleine polémique sur le tsunami Free Mobile et ses effets sur l'investissement et l'emploi. Après avoir reçu les quatre opérateurs, les ministres avaient annoncé en octobre dernier « un train de mesures permettant de rendre viable un marché à quatre opérateurs de réseau », la première étant cet observatoire des investissements et des déploiements dans les réseaux mobiles. L'Agence nationale des fréquences (ANFR) publie de son côté chaque mois un bilan des installations d'antennes-relais de chacun des quatre opérateurs (voir celui au 1er mai).

Satisfecit sur l'emploi
A l'heure où la chaîne Phone House (1.200 salariés) vient d'annoncer sa fermeture progressive courant 2014, sous le coup de la perte des contrats de Bouygues Telecom puis d'Orange, l'Arcep persiste dans son analyse que le secteur se porte pour le mieux. « Le nombre de salariés des opérateurs de communications électroniques est resté stable en 2012 (+0,1% par rapport à 2011). Depuis trois ans, le niveau d'emploi des opérateurs s'est globalement amélioré avec des hausses de 1,2% en 2011 et 1,6% en 2010, et ce, après un peu plus de dix ans de baisse continue. Les opérateurs emploient directement 129.000 personnes en décembre 2012. » Pour mémoire, Bouygues Telecom a procédé au premier plan social de l'histoire du groupe Bouygues (542 emplois) et un plan de départs volontaires est en cours chez SFR, portant sur 1.123 suppressions d'emplois (et 267 créations).