« Free devrait couvrir 75% de la population mi-janvier 2015 » Arcep

Par Delphine Cuny  |   |  632  mots
Jean-Ludovic Silicani, dont le mandat arrive à terme le 3 janvier, tenait ce jeudi soir sa réception de départ à la Sorbonne.
Le président du gendarme des télécoms a révélé ce soir que l'opérateur mobile sera bien en mesure de respecter les obligations de sa licence en termes de couverture, selon les informations dont il dispose.

Champagne, émotion pour les uns, soulagement pour les autres. Jean-Ludovic Silicani, le président de l'Arcep, dont le mandat arrive à terme le 3 janvier, organisait ce jeudi soir à la Sorbonne sa cérémonie de départ, après « presque six années » à la tête du régulateur des télécoms. « Le moment est venu pour moi de vous dire au revoir... avec une réelle émotion » a confié le conseiller d'Etat, qui partira sur un bilan controversé, notamment par les opérateurs. Il a tenu à justifier une ultime fois la décision la plus structurante et la plus critiquée de son mandat : l'arrivée d'un quatrième opérateur mobile, Free, en réalité décidée par le Premier ministre de l'époque, François Fillon, en janvier 2009, avant sa prise de fonction. Il a glissé au passage une information très attendue par l'ensemble du secteur, sur le déploiement par Free de son propre réseau mobile :

« Selon les informations disponibles à ce jour, Free devrait être à même de respecter mi-janvier son obligation d'une couverture de 75 % de la population, par ses propres fréquences, donc indépendamment de l'accord d'itinérance avec Orange qui devra bien sûr progressivement prendre fin » a déclaré Jean-Ludovic Silicani ce jeudi soir.

L'opérateur fondé et contrôlé par Xavier Niel - qui vient de s'offrir à titre personnel le numéro trois du mobile suisse, Orange Suisse pour 2,3 milliards d'euros - avait annoncé qu'il couvrait 65% de la population à fin juin. Sa prochaine obligation de couverture est de 90% en 2018. Free revendique 9,6 millions d'abonnés mobiles à fin septembre, soit une part de marché de l'ordre de 14%. Il vise les 25% « à long terme. »

Satisfecit sur l'arrivée du 4eme opérateur mobile

Jean-Ludovic Silicani a dressé un bilan ultra-positif de l'arrivée de ce quatrième opérateur qui a bousculé les trois opérateurs établis, Orange, SFR (racheté par Numericable fin novembre) et Bouygues Telecom :

« Sur le fond, tous les objectifs fixés ont été atteints, voire dépassés. En quatre ans, le marché mobile français a été transfiguré : le coût de la facture moyenne mobile a baissé de plus de 40 % alors que le contenu du service s'est accru ; la moitié des abonnements sont désormais découplés et sans engagement ; le parc d'abonnés mobiles - sur un marché qu'on qualifiait de mature - a connu le taux de croissance le plus élevé d'Europe : +35 % en 5 ans. La part de marché détenue par les MVNO, c'est-à-dire les opérateurs sans réseau, est passée de 7 à presque 12 % » s'est félicité le président de l'Arcep.

Il estime même que les deux risques majeurs ont été évités : « l'investissement total n'a pas baissé et s'est même accru », sauf depuis le début de l'année, et « les suppressions d'emplois chez SFR et Bouygues Telecom ont été compensées par des embauches chez Free et Numericable [...] au final, l'emploi a peu baissé chez les opérateurs français, en tous cas moins que chez les opérateurs des autres grands pays d'Europe. » Des propos qui ont fait grincer des dents chez les deux opérateurs qui ont dû traverser plusieurs plans sociaux.

Si certains dirigeants d'opérateur ne cachaient pas leur soulagement de voir partir le président du gendarme, un poste forcément un peu ingrat, d'autres restaient sur leurs gardes sur le thème : « on ne sait pas ce que son futur successeur nous réserve... » La décision de l'Elysée sur la nomination du remplacement de Jean-Ludovic Silicani pourrait être annoncée ce vendredi. Pléthore de candidats visaient ce poste, même si certains cadres du privé approchés, à l'image de Barbara Dalibard (SNCF Voyages, ex-Orange), auraient décliné la proposition.